Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 13 Novembre 2010.

En 1931, le Japon envahit la Manchourie, le nord de la Chine, après un attentat simulé contre une voie de chemin de fer. Cet épisode qui fut romancé dans « Tintin et le Lotus Bleu ». À la fin de cet album, Hergé raconte justement que le Japon quitte la Société des Nations, et toute la sphère Occidentale disait alors « Bien fait pour eux ». À partir de là, aucune autre nation ne se préoccupe du sort des Chinois.
Si vous avez vu « Le dernier Empereur », vous vous souvenez qu'après avoir envahit le nord de la Chine, l'armée Japonaise a constitué un état fantôche, la Manchourie, en donnant à PuYi un rôle purement symbolique.

Ce que vous savez sûrement moins, c'est que le Japon qui occupait déjà la Corée depuis 1905, y avait étendu ses champs d'expérimentations effroyables.

L'histoire commence par une rafle de l'armée occupante dans un village, sous prétexte de recruter de la main d'œuvre. Ziyang est un potier qui ne sait pas encore qu'en étant “recruté” par les Japonais, il a bien peu de chances de revoir sa femme et sa fille.
Arrivé dans le camp de Zhongma, il est dépouillé de son identité, et doit désormais s'appeler “maruta” (cobaye) et son numéro de matricule 454.

« Maruta 454 » raconte des horreurs, des exactions, un massacre organisé par les Japonais en territoire Chinois. Mais sur lequel il n'y a eu aucun procès, et où, d'ailleurs, le gouvernement Américain a fait masquer ces crimes.
Des expériences du même niveau de ce que mèneront 6 ans plus tard les nazis dans leurs camps de la mort : tests de résistance au froid, à la ponction de sang, aux maladies, aux gaz de combats, au feu, ou encore mannequins d'entraînement vivants pour les chirurgiens…
Mais en plus, ces prisonniers servent aussi à la confection d'armes biologiques, dont le Japon sera l'unique utilisateur pendant la Seconde Guerre Mondiale. On fait pulluler des puces sur des hommes, pour ensuite les contaminer avec la peste afin de contaminer les populations des provinces qui allaient être conquises.
Bref, on est en 1934, et on est déjà au cœur de l'horreur avant que l'Allemagne Nazie ne commence à mettre en marche sa “solution finale”.

Ziyang réussira à s'en échapper. Son groupe fut l'un des très rares à avoir survécu au camp de Zhongma. Et les tortionnaires Japonais ne furent jamais poursuivis : certains d'entre eux eurent une bonne carrière civile après 1945. Contrairement à l'Allemagne, ces horreurs n'ont jamais été reconnues officiellement par le gouvernement Japonais, et sont encore source de conflits et rancœurs avec la Chine, Taïwan et les Corées. La quasi absence de témoignages directs, le nettoyage à la dynamite et surtout la complicité à cette omerta de l'occupant Américain font que l'Histoire est très peu connue.

Pastor est un des poulains prometteurs de Song-Yang, et cela se voit, intégralement en numérique, il travaille des effets de matière afin de souligner l'ambiance. Quant à Paul-Yanic Laquerre, son expérience de journaliste pour de nombreuses revues consacrées à la Seconde Guerre Mondiale ne font pas douter quant à l'exactitude des événements qu'il y raconte.

Si le bouquin ne manque pas de qualités, il a néanmoins un très grand défaut : Beaucoup de mots Chinois ou Japonais sont écrits dans les dialogues, et le lexique en fin de livre oblige à d'incessants aller-retours, ce qui casse complètement le rythme de lecture. C'est d'autant plus dommage que justement la moitié des termes utilisés y ont une présence gratuite.