Quand Microsoft, IBM, ou tout autre compagnie indique en fanfare une opération pour mettre à genoux un réseaux de bots par la saisie judiciaire des serveurs C&C, c'est quoi ? Je veux dire, au-delà d'une opération de civili^W nettoyage du web ?

De la pub.

Parce que vous croyez qu'une entreprise va philanthropiquement mobiliser des journées d'ingénieurs à chasser de la maffia russe et du vendeur de pilules contrefaites uniquement pour réduire sa charge de serveur de mails ? Alors qu'elle aurait plutôt intérêt à vendre plus de licences serveurs, justement ?

Ben là, c'est pareil

Tout commence en moins de 140 caractères

Oui, honte à moi qui avait traité Twitter de « degré zéro du blogging », d'« outil 2.0 à vous faire perdre votre temps », de « clone de tribune à wmcoincoin dix ans à la bourre », je suis devenu un utilisateur assidu. Ce qui m'a permis de prendre des contacts professionnels, de trouver des réponses à certains problèmes et de me faire tous pleins d'amis.
Et des twit-clashes aussi, sinon c'est pas drôle

Or, depuis une semaine, Twitter est inondé d'un spam assez particulier en langues Françaises et Allemandes. Des messages qui semblent censés, dans le même sujet que vous, qui vous interpellent directement, mais avec un lien vers un produit sur Amazon, assez abscons.
Ça rapporte des thunes, et c'est étonnement très simple : Surveillez les trend-topics régionaux, trouvez des comptes assez actifs, créez une brochette (disons une dizaine de milliers) de comptes Twitters, et reprenez des messages qui ont été écris par des humains. Virez les éventuels liens, mettez des @mentions pour attirer l'attention, et aléatoirement, mettez un lien.

C'est ce lien qui sera pubé.

Ce qui se passe depuis une semaine, c'est qu'un rigolo a trouvé une manière tout a fait légale de tricher, à une échelle indsutrielle.
Comme tout le monde sur Twitter, j'ai été bien agacé. Alors j'ai reporté les comptes Twitters (une sacré brochette) en spam, mais évidemment, c'est peine perdue. Ensuite, j'ai été intrigué sur pourquoi il utilisait le service de micro-adressage d'Amazon amzn.to.
Et là surprise : ce n'était que des liens Amazon, avec toujours le même compte derrière. “learngolfon0a-21”.

Ce qui veut dire que la prochaine fois que vous achèterez chez Amazon, le margoulin, appelons-le “learngolfon0a-21” puisque c'est son nom de compte, Amazon lui reversera 5% (j'ai plus le chiffre exact en tête) de commission, même si vous ne prenez pas le produit qu'il liait.

La solution est évidente : qu'Amazon suspende tout versement vers le compte indélicat, tout comme le service 33700 a fait disparaitre le spam par SMS. .
J'ai donc publié ce twit :

Dascritch Please @amazon , suspend affiliate account « learngolfon0a-21 ». It is spamming twitter using your amzn.to shortlink service. (RT thxs)

Hadrien Lanneau, un des chefs dev d'over-blog, que je respecte et accessoirement ancien de Radio <FMR>, que j'ai conchié comme producteur délégué, s'est évidemment gaussé de cette initiative vaine : Le compte Twitter d'Amazon est aussi vivace que le chien de Columbo quand son maître se gratte la tête. Et m'a dit de leur écrire...

Le problème ne vient pas de nous (complicité par déni)

Quelle erreur : le service Américain croit que je parle d'un e-mail. Je leur répond en leur expliquant que le problème vient de twitter, ils disent qu'ils n'ont aucune preuve, je leur fourni quelques exemples, et ils me répondent... que comme je suis en France, le problème vient de l'entreprise Française ?

Pardon ?

Rebelote : je copie-colle avec un message explicatif pour le service France, qui me répond que c'est un problème d'e-mail, je leur répond que non, il ne s'agit pas d'un e-mail , mais de Twitter et ils me répondent... Ah non, ils me répondent pas, c'est la plateforme SMTP qui me dit que le compte e-mail est inexistant.

Ah ouais...

Quel dommage, moi qui a toujours été un client satisfait d'Amazon, mais en même temps très susceptible sur le sujet du spam, là, j'ai pas apprécié.

Ça sert, les potes journalistes, et pas que pour boire des bières à Paris

Samedi matin, j'ai repris toute ma correspondance, et je l'ai proposée sur Twitter. Jean Zeid, de France Info et ex-Campus Toulouse/Intramuros (mais toujours pote), m'a dit qu'il était intéressé mais pas tout de suite. Je soupçonne qu'il trouvait le sujet plus plat que la 3DS et moins hype que l'iPad2, le fourbe.
Marc Olanié de Cnis-mag m'a engueulé quand je l'ai skypé parce qu'il était en pleine micro-soudure, il se prépare à déployer dans ses alpages un réseau de compteurs-geiger home-made reliés entre eux par P2P wifi privatif alimentés au méthane des vaches. Ou un truc du genre...
Alex Hervaud de Libération et Ecrans.fr, dont nous ne manquons aucune rediffusion sur Nolife, a levé la main, et a reçu une copie. Je pense que l'article est en cours de rédaction car il m'a donné des éléments supplémentaires dont je lui en laisse la prime exclusivité.
Et en boutade, j'avais dit que les rédacteurs de PC Inpact n'étaient pas encore levés. Marc Rees arrive sur Twitter sur ses entrefaits et manifeste son intérêt. Il sera le premier à publier sur le sujet ce matin.

Après tout, j'ai fait un boulot de recherche : À qui profite le crime.

Analyse web-side

C'est un peu la curiosité actuelle du web : les poids lourds qui se sont lancés sur le web entre 1994 et 1999 semblent incroyablement peu loquaces quant au potentiel des réseaux sociaux. À peu près moins qu'Air France lors du pseudo-scandale sur les prix des vols Tōkyō-Paris dans le week-end du tremblement de terre. S'ils ont un compte Twitter, Facebook ou que sais-je, il ne sert qu'à sens unique, c'est un moyen de publication de communiqué de presse, full stop.

Seulement, qu'est-ce qui va se passer ? Twitter va fort logiquement tenter d'interdire l'usage du raccourciceur d'url d'Amazon. Effet de bord, tous les utilisateurs légitimes en seront impactés et hurleront à la mainmise de Twitter sur son éco-système, comme il le fait depuis 15 jours en bloquant certaines fonctions de son API.

Ensuite d'autres black-marketteux vont se lancer dans le filon, cette fois-ci en démultipliant les comptes affiliés Amazon, et en changeant continuellement de service de raccourci d'adresse. Rappelons que le procédé n'est aucunement illégal, c'est une nuisance dont l'interdiction ne tient qu'à la lecture des Conditions Générales d'Utilisation. Et qu'il est fortement générateur de revenus, Amazon est toujours la plus grande enseigne du monde électronique.

Conséquence prévisible, Amazon finira bien par voir que la pratique mets complètement à mal sa réputation, puisque la majorité des gens la semaine dernière tenait Amazon pour directement responsable du spam. Or, c'est faux, ils sont juste complices par imprudence. Et n'en retire pas spécialement des revenus.

Ce qu'Amazon fera, ça sera de suspendre la pratique des affiliations, ce qui impactera très négativement ceux qui utilisent ce système pour rentabiliser leur activité. (ActuaBD où j'écris, Nolife que je respecte sont des exemples)

Et tous les prospects de mes clients agences web qui disaient préférer leur boutique Amazon, devant une telle mauvaise pub, vont finir par céder aux sirènes de mon application dAgence. Mais si vous venez pour avoir un système d'affiliation, vous étonnez pas qu'il soit verrouillé contre les abus.

Conclusion

Mais je l'ai dit en entête de ce billet : On peut se faire de la pub avec le spam, en le dénonçant.
Marc Rees m'a crédité comme source (et même largement, voire trop au goût du bruit de fond), et comme c'est pas souvent que je suis mis en avant pour mon métier réel (au-delà de mes “loisirs” d'animateur radio, chroniqueur bd, expert usages numériques, etc...), ben ça fait du bien. Après tout, j'y ai passé du temps à tenter d'analyser le problème et de joindre Amazon.

Post Scriptum : J'avais prévu de rédiger ce billet bien avant ce troll. Il m'a juste botté le cul, ce qui est salutaire... pour ma com'. Merci le troll.