Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 21 Septembre 2013.
On vous a parlé avec passion de la série « Bakuman » qui explique par la fiction comment fonctionne l'industrie du manga au Japon. Deux garçons intrépides qui feront tout pour décrocher leur série dans un hebdomadaire de référence. Mais à côté, pour tenir les cadences de publication absolument infernales, les auteurs japonais doivent s'entourer d'assistants. Ceux-ci assurent le tracé des cases, le lettrage, l'encrage, le tramage, le dessin d'arrière-plan voir les dessins d'accessoires et de personnages secondaires.
Ces assistants, ce sont les petites mains indispensables au rythme de parution effréné, souvent la vingtaine de pages hebdomadaires. À comparer aux 4 pages au mieux pour les séries dans Spirou Magazine, certes en couleurs.
Kasai a 26 ans au moment d'écriture de ces planches, elle est assistante mangaka. C'est relativement jeune au Japon mais la plupart des auteurs qui deviendront pro ont déjà une série, là où en France, les auteurs ont rarement eu un premier album publié à cet âge. Son patron actuel, auteur à succès, l'emploie en statut précaire. De la génération internet, elle a créé un blog qui lui sert de défouloir. Et puis elle s'est mise aussi à expliquer comment elle travaille. Ce blog a très très vite eu beaucoup de succès. Elle répond donc aussi à des questions de ses lecteurs. On apprend si des relations amoureuses se nouent au travail (... non, elle est nulle, hein ?), on découvre que les dessinateurs de manga ont des vêtements spécifiques.nouer
, verbe qui signifie faire un nœud
Mais surtout le salaire assez modique, environ 800€. Ce qui est malheureusement bien plus que celui de bien des dessinateurs en France.
Et si encore faire 20 pages par semaine était la norme... Arrive le jour où le dessinateur qui emploie Kasai annonce qu'il a accepté d'écrire une histoire pour un magazine mensuel en plus de la série hebdomadaire. Soit 128 pages en plus des 80 à pondre.
Tout le monde sur le pied de guerre, on vit et on dort carrément chez l'auteur. L'éditeur doit recruter en catastrophe d'autres assistants, chercher de la documentation, voire même faire les courses ! Pendant ce temps là, l'épuisement devient critique et des détails d'une histoire manquent de se retrouver dans l'autre, genre un t-shirt d'un groupe de rock dans une intrigue de samouraïs.
La plongée dans ce domaine industrielle est passionnante, celle des petites mains non créditées, qui participent activement au succès des séries mainstream. Et surtout leur perception par la société et leur propre famille…
Le blog de l'auteure : http://ashimeshi.blog17.fc2.com/
une réaction
1 De JB - 21/10/2013, 18:13
Je n'ai pas lu le bouquin, mais je connais très bien le métier. C'est moi ou les manga intéressent de moins en moins de monde en France ?