Leurs blagues du premier avril n'étaient pas toujours du meilleur goût, mais la phrase fianle de Davy était très sérieuse : Ah, au fait, on ferme le 8. L'image suivante avec un Sébastien Ruchet digne, mais contenant son émotion a dissipé des interrogations. Surtout l'article paru dans Le Monde levait les doutes dans la foulée. Et l'annonce que Noco, le service de replay fermera dans la foulée. Nolife, c'est fini.

C'est difficile à dire, mais finalement ils sont arrivés à la fin du voyage.
Tout a commencé il y a 11 ans. Avec la possibilité de créer une télévision avec le minimum de matériel possible, une prestation de diffusion et une autorisation du CSA. Cela peut sembler incroyable, mais du coup, il devenait possible de se passer complètement d'une régie de diffusion et de n'envoyer que du fichier vidéo PÀD (Prêt à diffuser) et un fichier de playlist. Une chaine pouvait exister mais n'émettre que sur l'ADSL.

Et une bande d'amis qui avaient déjà fait de la télévision voulaient enfin construire la chaine qui leur ressemble. Ils en feront une télé unique au monde, qui parlent des cultures numériques avec un propos adulte et sans polémique gratuite. J'avais l'impression de retrouver le souffle des radios libres.

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C'est assez fou de se dire qu'actuellement, cette chaine fait plus d'audience que la tranche en clair de Canal+ en soirée, avec un budget bien bien moindre. Et qu'avec une piste VOST, en faisant des parties de JdR, en causant couture ou architecture de PCB, en discutant 20 minutes sur l'art d'éviter des boulettes dans un schump infernal ou encore en causant des différentes influences d'un manga. Cette chaîne était improbable, indépendante, cultivée et passionnée. J'ai beaucoup aimé l'expression Arte pour geeks.

Je repense à leur gag quand enfin, ils étaient comptabilisés par Médiamétrie, et donc pouvaient commercialiser des espaces publicitaires, Sébastien, le Grand Patron, entre dans l'open-space et dit Ça y est, on a de la pub, on va pouvoir faire de la merde, sous les soupirs de soulagement de la rédaction. Ils n'en ont bien évidemment rien fait.
Ils auraient pu revendre leur chaine à un groupe industriel, s'adosser à des grands de l'audiovisuel. Mais finalement, ils sont restés fidèles à ce qu'ils voulaient depuis le début, ne voulaient pas d'une chaine conformiste et on préféré jeter l'éponge.

J'ai eu la chance de plusieurs fois les interviewer, la toute dernière fois était volontairement technique et en hommage à leur travail. Je me rends compte d'autant plus l'apport incroyable qu'ils ont eu vu les témoignages sur les réseaux sociaux, de personnes qu'on n'aurait pas soupçonné de prime abord mais qui revendiquent que Nolife les a influencés.

Ils ont commencé quand Facebook et Youtube étaient tous petits, d'ailleurs on ne pouvait pas y poster de vidéo de plus de 3mn. Les temps ont changés, la télévision se marginalise, et Nolife n'est resté qu'une chaine de télé. Mais ils auront fait démarrer bien des talents, et bien de leurs spectateurs se sont lancés dans des projets ou des jobs de fous. C'est ce que je retiendrai : une passion communicative.

Leur programme d'adieu sera en direct Dimanche 8 au soir. Je crois que j'aurais une immense émotion en le regardant, comme quand ils ont ouvert leur antenne avec un décompte en hexa. Et je suis sûr de ne pas être le seul à avoir la petite larme. L'important est qu'ils aient plus de réussite ailleurs, et ce que nous ferons de leur message.