Ceci est une partie du script de la release Ex0096 du programme CPU, Libre… mais moche ?, diffusé le Jeudi 22/11 à 11h. Plus d'infos sur le site de l'émission.
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Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi dont la rétine est encore tout éblouie du thème de bureau violet/mauve installé par ta petite sœur.

Je crois que maintenant, tu as compris qu'il y a deux sortes d'univers informatiques : le logiciel propriétaire et le logiciel libre. Dans l'un, tu achètes une licence d'usage et tu installes le soft produit fini tel qu'il est, tu n'es qu'un client et puis c'est tout.
Dans l'autre, tu as le droit de le copier pour toi, pour ton voisin, tu peux regarder sous le capot, et tu peux même participer à son développement.

Mais si installer un Linux ou un Windows est désormais kif kif bourricot en terme de difficulté, il faut reconnaitre que le monde du logiciel libre revient de loin, de très très loin : en 2000, Linux et compagnie étaient des repoussoirs. Graphiquement affreux, fonctionnellement rebutants, et d'une prise en main malaisée pour le non-spécialiste.

Franchement, il fallait en vouloir pour mettre quelqu'un sur Linux. Il faut reconnaitre que le Mac avait un aspect classieux avec son design accueillant et simple qui fait tout pour cacher tout début de complexité à l'utilisateur, au risque de trop simplifier ; quant à Microsoft Windows, il était familier car on le voyait partout, et il donnait beaucoup de contrôles, beaucoup beaucoup beaucoup de contrôles, au risque de montrer trop d'informations.
Alors que Linux… Non mais franchement, déjà on commençait par la ligne de commande si l'interface graphique avait le malheur de ne pas être configurée. Ensuite, quand on avait enfin un shell graphique, soit le Gnome qui singe MacOS ou KDE succédané de Windows, ben on a des programmes… qui ont des interfaces très différentes. Une fois, j'ai compté que j'avais 9 types de fenêtres d'ouverture de fichiers tous très différents, selon le programme que j'utilisais. Pire que tout, certains sélecteurs proposaient d'utiliser des marque-pages pour aller plus vite vers un répertoire, sauf qu'ils ne se partageaient pas ces raccourcis entre eux. L'énervement était garanti quand on lançait un programme nouvellement installé la première fois. Ou quand on le réinstallait.

Enfant du Futur Immédiat, je ne te parle que de la prise en main quotidienne, mais imagine la gestion technique des paramètres de l'ordinateur... Mandrake avait ouvert la voie à l'époque pour simplifier l'administration de son ordinateur, à une époque héroïque où compiler le kernel n'était régulièrement que la meilleure réponse possible, une opération qui prenait une journée complète. Sauf que, et on en a déjà parlé, 20 ans après c'est toujours un bazar déprimant pour tout nouveau venu.
T'auras beau avoir des gens de très bonne volonté comme Delphine Malassigne tenter d'en parler le dimanche en famille… ben non, ça passait pas.

Et d'un autre côté, des libristes audacieux avaient tenté l'impensable : compiler leurs projets sur Mac et Windows, et de là, faire un effort pour que leur projet semble le plus anodin, le moins déplaisant à utiliser. Firefox, VLC, LibreOffice, des applications qui existent sur toutes les plateformes, et qui donc devraient être aussi facilement utilisables sur un OS libre. Ceux là on souvent reçu les huées des extrême-libristes qui n'acceptaient pas ce manque de pureté.

Le monde du logiciel libre a des efforts à faire, et comme le dit David Revoy, l'auteur du webcomic « Pepper & Carrot », parce que libre et open-source ne signifie pas au rabais ou à l'arrache. Le logiciel libre ne doit pas dire que les concepteurs peuvent tout se permettre, mais au contraire, avoir une obligation d'exigence.

Mais bon, voilà que je m'emporte, alors que le plus simple reste de participer pour que les choses soient enfin bien faites, car…
Qu'est ce qui fait qu'une interface est engageante ? Le beau.

Mais est-il facile de parler de beau ? pas tant que ça.
Et est-ce qu'une interface qui est belle est... utilisable ? Pas toujours.

Enfant du Futur Immédiat, c'est pas parce qu'un aspect graphique est magnifique qu'il est réellement design : ce mot englobe aussi le concept de fonctionnalité, l'oublier, c'est ne faire qu'à moitié le travail.