photo prise le 4 Janvier 2005, librairie Privat sciences et médecine, Toulouse J'aurais dû poster cette photo plus tôt, parce que le libraire en question vient de refaire intégralement sa vitrine. La scène se passe donc début Janvier, rue Gambetta, à côté de la Place du Capitole, non pas dans une librairie bd, mais chez un libraire universitaire spécialisée en biologie et médecine.

Entre les usuels traditionnels sur les organo-magnésiens, la physique de la membrane cellulaire, et la chirurgie esthétique aux toxines reptiliennes... que voit-on ? Les trois tomes traduits par Glénat de la série « Say hello to Black Jack » ! Car si la référence à un personnage peu connu (mais néanmoins traduit) d'Osamu Tezuka fait penser à la médecine, cette série a été un véritable évènement au Japon : Elle parle de la condition des internes avec un salaire de misère (le terme est faible), mais aussi des magouilles sur les remboursements, des professeurs imbus de leur notoriété mais qui ne pratiquent pas assez et qui se moquent du serment d'Hippocrate.

Bref, c'est au milieu d'un sacré panier de crabes que le jeune Saîto, tout frais émoulu de ses premières années de Médecine, débarque pour son internat. Et malheureusement, ses idéaux seront confrontés à la dure réalité du clientélisme, des prés-carrés, et des réalités financières. Oh, mais il est encore jeune, pétant de santé, probablement doué, d'une volonté de fer, et très mignon. Mais il aura pas franchement le temps de draguer les filles, ni même de sauver la Terre Entière. Et c'est là où on se prend une claque. Car si la série « E.R. » (pardon, « Urgences ») montre des amourettes et des gens dévoués, « Say hello to Black Jack » montre des chefs de services ignobles, des médecins qui n'osent pas prendre de risques et un système de castes en fonction de l'école suivi qui bride toute possibilité de carrière en cas de ire d'un de ses profs.

Mais là où la série est glaçante, c'est pas uniquement sur les heures démentielles que doivent aligner les étudiants pour payer leur loyer, mais aussi les calculs bassement financiers sur la rentabilité à soigner tel malade. Car le système de solidarité médicale n'est pas en meilleur état au Japon qu'en France ; au contraire, la population vieillit de plus en plus vite, ce qui amènera à une crise sociale évidente à plus court terme qu'en Europe.

Cette série est incroyablement humaine, et les détails médicaux suffisamment réalistes mais assez édulcorés pour être lisibles par presque tous. C'est un incroyable reportage-fiction qui lors de sa sortie a provoqué un incroyable tollé, obligeant le gouvernement Japonis à revoir la rémunération des étudiants et édicter des règlement plus strictes sur les hôpitaux. Bref une bd qui a fait prendre conscience et bouger les choses. En soit, c'est déjà une belle histoire.

Lisez la chronique de Nicolas Anspach sur ActuaBD.