Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 2 Septembre 2006.
Une série ambitieuse de politique fiction, celle d'une Russie qui a du mal à assumer les ruines de l'URSS. Dans le premier tome, c'était le trafic du plutonium militaire de l'Armée Rouge que Youri Wladimir tente de suivre en tant qu'agent de l'AIEA.
Troisième tome, c'est sur les rives de la Caspienne que l'inspecteur est envoyé. Un endroit que ses supérieurs souhaitent plus calme. Hélas, ce pauvre Youri... dès le petit matin, un avion de tourisme qui s'écrase dans le port pétrolier, causant une formidable explosion avec un tanker, coulant une barge de fût de déchets nucléaires. Coup de bol, pas de fuite, mais pourquoi cet avion s'est-il écrasé ? Le pays n'est-il finalement pas aussi calme que veut l'imposer l'autorité ? Une guerilla d'inspiration religieuse sévit dans l'arrière pays, et il semble bien que l'important accord pétrolier avec une très grosse compagnie attise les braises.
Comment peut faire éclater la vérité un enquêteur international de rang modeste, quand il est plombé par une hiérarchie bureaucratique et une real-politik locale particulièrement brutale ? Comment enquêter quand ses confrères de l'agence préfèrent fermer les yeux pour garder leur petite tranquillité, quand la police ne semble pas s'embarrasser de faire taire les gêneurs, que l'opposition ne semble pas mieux armée de bonnes intentions, que les multinationales se déchirent les restes tant que l'or noir coule à flot. Que reste-t-il sinon qu'à constater les dégâts, éviter les coups tordus et s'en sortir vivant. La corruption est aussi dangereuse que la radioactivité...
Scénaristiquement, c'est carré. En fait, la BD fait oublier que la fiction est sûrement dépassée par la réalité. On a passé dans cette émission une interview de Jean-Yves Delitte qui exprimait avec fougue sa passion sur le sujet, particulièrement glaçant. Il est intéressant de noter que par la BD, on puisse aborder des sujets particulièrement sensibles et inquiétants à juste titre.
Le point de vue du personnage, qui est vu comme un traite par tout le monde, alors qu'il fait tout pour rester intègre, est à la fois cynique et effrayant. L'URSS est morte, vivent les nouveaux tsars !