On a parfois de drôles de surprises dans ses recherches... C'est en cherchant le nom d'un logiciel avec le mot-clé “Traktor” que je suis tombé sur une compagnie homonyme. Une boîte de réalisateurs de clips et de pubs au site web archi-minimaliste (« We make films, not websites »), qui invite à découvrir leurs réalisations en les téléchargeant. Sympa ! On y trouve des clips archi-connus super-rigolos (comme celui de FatBoy Slim), mais aussi des pubs très “catchy”.

L'une d'entre elle n'a jamais été vue en France, du moins, pas en hertzien, et laissera un souvenir plus impérissable que le produit. Il s'agissait de la gamme de téléphones GSM Xelibri de Siemens. Pour arriver à s'imposer en dehors de son marché historique qu'est l'Allemagne et gratter sur les concurrents, Siemens avait créé un labo de design dans son usine d'assemblage chinoise. Ces derniers annoncent en grande pompe 4 téléphones ultra-design en 2003, destinés à être vendus non seulement dans les magasins de mobiles, mais aussi comme accessoire de mode. (photo de la présentation du 1, du 2 et du 3).

Le four complet : Les téléphones mobiles en question sont extrêmement chers, semblent très peu pratique en prise en main et, vu le prix de vente, ne proposent pas le standing minimum exigé dans cette gamme (écran couleur, MMS, Wap, Java). Un comble alors que Siemens suivait bien le train jusque là. D'ailleurs, en dehors du dossier de presse, Siemens n'est cité nulle part, or ces derniers avaient une réputation de solidité et d'ergonomie, honorable face au géant Nokia.

Une deuxième fournée (Xelibri 5 à 8) tentera de corriger le tir mais trop tard : La marque est trop connotée par la première gamme pour être récupérable et reste horriblement chère. Siemens arrête les frais (avec 780'ooo unités vendues, joli score tout de même ! "Siemens says it's dropped the fashion-first line of handsets after disappointing sales" in The Feature) et la gamme ; le Xelibri 9 deviendra le Siemens SX-1.

Le temps d'une grossesse nerveuse, et la gamme est vite refondue dans la maison-mère, puis disparaît. Trop cher pour leurs performances, trop tarabiscotés du design pour être utilisable, trop inconnus pour pouvoir attirer un public de connaisseurs. Siemens a eu le double tort d'avoir sorti cette gamme en dehors de sa marque (alors que Nokia capitalise à la fois la robustesse des entrées de gamme et le design des high-price) et d'avoir laissé faire des ingénieurs qui ont cherché l'audace plus que le pratique. Les designs “innovant” ont été oubliés (ouf !), les ingénieurs chinois ont été renvoyés à leurs chers études dans la ligne de montage, le site xelibri.com pointe sur le site Siemens mobile, le modèle 7 sert de poudrier, le 3 d'ouvre-huîtres...

Reste la pub, géniale. (archivée sur youtube)