C'était fin Décembre 2000. Je me souviens (houlà, avec une intro pareille, il va en faire des tartines avec ses souvenirs d'ancien combattant) que mon patron de l'époque m'a montré une pub anglaise. On pouvait enfin télécharger des sonneries de portables. Comme les Anglais allaient bientôt débarquer en France, il y allait de l'avenir de notre entreprise d'être les premiers sur le continent. Il a eu le nez creux.
Le chef de studio son était saturé, s'était déchargé sur moi, et on m'a assigné un des informaticiens qui bidouillaient notre parc de serveurs déjà bien conséquents. Je crois qu'il faisait partie du clan Web (techno MS), pas de la tribu Audiotel (techno Sun).

Je m'y suis mis.
Le défi me plaisait, et à l'époque, tout était motivant dans cette entreprise qui explosait littéralement, pas loin de la Fac du Mirail. Oui, on a défriché le marché Français.

Il y a eu le fun, la patience de décrypter comment fonctionne les sonneries de portable, du reserve-engineering qui m'a fait découvrir des fonctions pas prévus par les ingénieurs de grosses boîtes, des heures et des heures à transférer cette p↔☭↯∞n de carte Sim entre téléphones, et beaucoup de patience pour comprendre comment ré-encoder des partitions. Y'avait aussi les moment d'angoisse (on était encore en Février 2001), quand j'imaginais ce qui arriverait si une de ces mélodies guillerettes, voire parfois paillardes sifflaient d'un mobile d'un proche très inquiet d'une personne dont la vie a été fauchée...

Puis, quand devant le nombre de sonneries que je devais faire me saturait autant que les formats (Nokia, les keypress pour Alcatel, Sagem, etc...), ils ont enfin pris un vrai musicien, quelqu'un qui ne galère pas à tenter de caser la mélodie du générique de « Friends » dans moins de 2 octaves. Un copain, assez connu de la scène Toulousaine, qui lui aussi en a bien tortillé avec moi à un moment où aucun fabricant de portable voulait nous passer de portables, de logiciel, d'API... non, même pas une seule doc, on a tout deviné à la main avec un crayon et beaucoup de café déshydraté.

Des musiciens, il y en a eu.... ce fut une équipe qui roulait sacrément bien, avec une foultitude d'outils métiers, un vrai savoir faire, une connaissance encyclopédique de la musique partagée avec une sacré bonne humeur et....

... Les temps ont changé. On savait que l'industrie de la sonnerie portable allait pas exister plus de 5 ans. D'autres facteurs ont précipité la chute du service Création d'Index Multimédia. Et ce matin, je me suis pris une claque, l'hommage mérité que j'aurais aimé faire à tous ces amis aujourd'hui dispersés aux quatre vents :

2000 portables pour du Tchaikovsky

Ce billet comporte ici trois vidéos encapsulées en Flash.

Making of


Via le Journal du Geek.

Pour ceux qui veulent des preuves à charge de mes activités (au cas où j'ai pas assez de procès comme ça) :