Leurs majors les en ont convaincus, les artistes n'ont plus besoin de leur public et préfère cracher à la figure de ceux qui achètent légalement leurs albums. Si vous voulez leur musique dans votre autoradio, cramez la galette au soleil, si vous la voulez dans votre baladeur, rachetez-là une deuxième fois (En plus chez moi, ça marche pas). Pour les radios, la potion est encore plus amère.
Et j'en ai marre de cette soit-disante histoire de piratage. Marre de ne pouvoir jouir la musique dont j'achète le support autrement que verrouillé à une platine disque qui n'est pas sûre de pouvoir lire le faux CD. Marre de ne pouvoir ripper le disque pour la mettre dans mon baladeur, l'écouter pendant mes trajets, au bureau pour ensuite décider d'en faire la promo à l'antenne. Marre marre marre de jouer à la loterie « t'as peut-être une chance que ça passe dans ton lecteur cd-rom sous linux si le temps est clair ». La rubrique “entendu” de mon blog en est suffisamment remplie, et bien désormais, tous les mois, je listerais les albums à ne pas acheter. Et ça continuera tant que ces multinationales se foutent royalement du droit à la copie privée, et que leurs artistes ne jouent pas un autre air : celui du droit moral de respecter leur public.
La liste d'infamie de ce mois :
Coldplay « X & Y »
Un groupe fournisseur de pop plutôt bien foutue, comment ne pas oublier « God put a smile upon my face » ? En tout cas, on ne saura jamais ce que vaut le CD, puisqu'il n'en mérite pas le nom à cause du dispositif anti-écoute. CopyControl put a anger in my brain...
Gorillaz « Demon days »
C'est bien la peine d'ajouter à ce casting de feu DJ Danger Mouse. Qui connaîtrait le talent de ce dernier sans son « Grey Album » ? S'il n'avait pu numérisé dans son ordinateur Jay Z et les Beatles ? Un verrou qui empêche de talentueux bootleggers de s'exprimer, n'est-ce pas se moquer du monde ?
Kasabian « Club foot »
Le groupe anglais qui rend hommage dans leur premier clip au soulèvement de Prague de 1958, qui fut noyé dans le sang. Encore des faux rebelles car musique cadenassé par un Grand Frère à l'idéologie trop prévoyante au Bien des Peuples.
Kraftwerk « Minimum Maximum » (live)
Qui, en dehors de leur usine Kling Klang, saurait les différencier ? En tout cas, les quatre robots ont décidés d'être ennemis du genre humain en ayant leur double album live tant attendu sous leur œil de cyborg. Toute résistance est futile, vous serez DRM-isés.
KT Tunstall « Eye on the telescope »
Une comète dans notre espace aérien proche. Une E.T. métamorphosée en fille orchestre à la sonorité fragile et envoûtante, tombeuse de Nagui pendant les répets de Taratata (on fait le pari que le CD promo n'est pas protégé ?), elle disait avoir appris à jouer de ses pédales à boucle car les musiciens coûtent trop chers en tournée. Ce n'est pas en empêchant les honnêtes gens d'acheter ses disques qu'elle s'en paiera, et comme elle ne passera pas à Toulouse de sitôt...
Maroon 5 « Songs about Jane »
La brit-pop à son meilleure aux couleurs vintage et à la production actuelle. Une sonorité analogique enregistré dans les mythiques studios d'Abbey Road. Les précieux ingénieurs des maisons de disque se sont empressés d'apporter la touche de protection numérique qui le rend définitivement impropre à la consommation.
Moby « Hotel »
Il a pompé, remixé de vieux tubes et fait quelque chose d'aérien... ses nouveaux titres sont plus rock. Maintenant que son succès est assuré après 15 années de galère, il n'a plus besoin de public. Album verrouillé. Qu'il aurait financé son hôtel avec cet album, il fait ce qu'il veut avec son argent. Mais qu'il me tourne le dos sur la pochette avec un symbole en forme de doigt d'honneur...
Röyksopp « The understanding »
Ils nous avaient mis par terre avec « Melody A.M. », l'album qui a signé les pubs de l'époque net-économaïe. La bulle a éclaté, le net c'est vilain méchants pirates, on bloque et tant pis pour le public impatient. Boo.com.
Le dispositif Copy Controlled est d'autant plus inutile que je parie qu'on trouve sans souci lesdits albums sur P2P ou dans n'importe quelle échoppe à CD gravables... Le piratage doit être d'un impact minime puisque des WMA-DRMisés nous sont proposés par abonnement à 15US$/mois (mais qui ne marche ni sur mes ordis, ni sur mon baladeur). On savoure l'ironie... Par contre, pour ce qui est de vous prendre pour un con.
Achetez de vrais CD
Et pour ceux qui veulent savoir, les suivants sont parfaitement écoutables, sans verrou castrateur, puisque je viens de les acheter :
- Archive « You all look the same to me »
- Kaiser chiefs « Employment »
- New Order « Get ready »
- « Il était une fois Bollywood » (compilations BOF indiennes)
- « Addicted to bass » (compilation breakbeat par le club londonien Ministry Of Sound)
Oui, les photos sont dégueulasses, mais plus jamais je ferais de la pub pour un album qui ne mérite même pas le nom de “CD”.
4 réactions
1 De Da Scritch - 18/08/2005, 14:18
Faut s'y mettre : ukcdr.org/issues/cd/quick...
2 De Kalibos - 24/12/2005, 11:17
Je viens d'acheter l'album de Gorillaz "Demon Days" qui ne peut absolument pas être lu sous Linux. Je réfléchis encore, j'ai deux options : porter plainte pour privation du droit de copie privée ou m'autoriser à télécharger les morceaux piratés correspondants, en MP3 (ou ogg), sur internet.
3 De kwyxz - 12/02/2006, 12:50
Parmi les CDs dont tu parles, il y a au moins Röyksøpp et Gorillaz chez EMI (je les ai). Et pour les CDs EMI, rien n'est perdu: www.kwyxz.org/weblog/?p=8...
4 De da scritch net works - 10/02/2009, 16:12
Creative commons par l'exemple
ou le futur de la musique après la fin du modèle des majors : remixez ce qui tombe sous votre main, l'intelligence est collective. Tout récemment, Pascal Nègre, le patron d'Universal Music France, expliquait dans un reportage comment il comptait...