Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 19 Novembre 2005.

L'une des manières de renouveler les poncifs sur les superhéros et d'enrichir leur mythologie, c'est les réalités alternatives. Par exemple, on a parlé en Avril dernier de l'excellent « Superman : Identité secrète », où un Clark Kent en avait marre de porter le nom d'un personnage de comics. Imaginez que la capsule du jeune Kal-El, survivant de la planète Krypton, s'écrase non pas dans le Kansas, mais en Sibérie, en plein URSS...

Et bien on va obtenir une histoire complète absolument étonnante, où dans les années 1950s, les États-Unis vont découvrir avec horreur que Staline dispose d'une arme plus puissante que n'importe quelle arme nucléaire. Un alien aux pouvoirs sur-humains acquis à la cause de l'URSS. Et quoi que fasse le génie universel du savant Lex Luthor, il est à craindre qu'un jour l'Amérique ne devienne une démocratie... populaire ! Pourtant, le camarade Superman ne se sent pas à l'aise comme gloire soviétique : D'abord, Staline, le Petit Père des Peuples, a décidé d'en faire son poulain, et tant pis pour tous ses enfants naturels qu'il a placé à des postes clés. Ensuite, il y a l'impérialisme Américain qui fait tout pour imposer sa morale à des pays qui en ont rien à cirer, il y a la femme de son ennemi Lex Luthor, Lois Luthor qui ne le rend pas insensible, et enfin... il y a la notion même de surhomme qui ne peut être compatible avec la doctrine communiste, antithèse vivante de tout ce qu'on pu écrire Karl Marx, Lénine, Béria, Staline et Trotsky. Pardon, euuuh, nan pas la Sibérie, niet, tovaritch...

On se prend une claque monstrueuse. Parce que l'histoire marche parfaitement, la morale aussi, les rouages retournés sans souci, le moteur d'horloge prend une autre dimension où les États-Unis sont aux abois, méchants en diable (!) et finalement voués à la disparition d'un Superman complice d'un régime paternaliste, soit, mais oppresseur quand même.

C'est littéralement renversant, et machiavélique. Ajoutez à cela que les dessinateurs se sont éclatés à mettre des couleurs flashy et un graphisme proche du Réalisme Socialiste, c'est un régal incroyable. Pour les amateurs de Superman, ou même ceux qui connaissent très vaguement son histoire, la gifle est énorme.