Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 20 Janvier 2007.

Dans les séries de toubibs, il y a des petits et des très grands bobos, des corps meurtris, des cris, des larmes du sang et des gens en blouse qui lancent des noms barbares dans l'urgence tout en essayant de garder leur calme.
Et dans le genre manga à la « Urgences », on pourrait citer le vénérable « Black Jack  » d'Osamu Tezuka (histoire d'un médecin marron immensément talentueux. traduit en France chez Glénat), dont le réalisme est accentué par le fait que le maître avait passé un doctorat de médecine, tout en peignant de la manga à la tonne. Il y a plus récemment « Say hello to Black Jack » (en France, aussi chez Glénat), qui tient plus du reportage-fiction et qui est à notre connaissance la seule BD à être à l'origine d'une loi sur les droits sociaux.

Le docteur Kotō Kensuke, lui, est très différent : il a des maladresses, supporte mal le bateau, la chaleur et a cet air éternellement fatigué, mais souriant. Les habitants de l'île de Koshiki ont vraiment du mal à lui faire confiance. Qu'est-ce qui pourrait motiver un médecin d'aller s'enterrer dans une petite île à l'écart de l'archipel Japonais ? Une île qui vieillit puisque les jeunes préfèrent la ville, dont la seule industrie est la coopérative de pêche, et l'unique infrastructure médicale, un petit dispensaire qui a connu des jours meilleurs, avec des moyens indigents et très légers, peut-être suffisants en bobologie mais pas vraiment en cas de détresse médicale. Et puis, les derniers médecins à avoir géré cette officine soit étaient taïwanais baragouinant un vague japonais, soit manquaient sérieusement d'expérience. La moindre erreur de diagnostic peut être fatale, à 6 heures de bateau du plus proche hôpital.

Kotō est pourtant très loin d'être un manche, il a exercé au CHU de Tōkyō où il s'est montré chirurgien de talent. Mais pourquoi, alors que sa carrière ne fait que débuter, s'enterre-t-il sur ce rocher ? L'envie d'une île calme et paradisiaque ? À d'autres. Même l'infirmière Ayaka, 22 ans et native de l'île, doute sur les motivations de ce drôle de personnage. Et la méfiance des habitants n'est pas là pour l'aider. Qu'il fasse un exploit comme une opération d'appendicite sur un bateau de pêche, ou la pose d'un clip sur un anévrisme... Non... c'est une population de marins-pêcheurs, de personnes âgées assez conservatrices sur la médecine des plantes à l'allopathie et la médecine hospitalière.
Bref, le chemin va être très long pour que le docteur Kotō soigne réellement les gens.

Un écho étonnant à « la maladie de Sachs », dont les syndromes furent si bien décrits par un certain... Martin Winckler