Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 12 Mai 2007.

L'histoire des trois personnages principaux, Nike, Leyla et Amir commence à Sarajevo, en pleine guerre de délitement de la Yougoslavie. Trois bébés à peine nés, dans un hôpital, au milieu des bombes et des tirs de snappers. C'est ce dont se souvent Nike, un homme à la mémoire absolue. 2025, ces trois deviennent le jouet du Mal Absolu.

Dans « Le sommeil du monstre », Optus Warhole fut le fondateur d'une secte assassine spécialisée dans la manipulation, l'attentat et le clonage de personnalité.
Dans « 32 Décembre » et « Rendez-Vous à Paris », il s'était reconverti en Holewar, artiste du mal suprême, orchestrant des attentats à la nature des choses comme installation artistique pop sur lesquels s'extasient des critiques artistiques pourtant en totale connaissance du passif de l'individu...

Et dans ce dernier Opus... Sutpo Rawhloe, dans un effort ultime de morphisme, tente de reconstruire son identité, avec un visage devenu informe. Pendant ce temps là, un clone de Leyla a détourné la mission vers Mars de son objectif, pour devenir un gigantesque lupanar. Alors qu'Amir est dans les troubles de personnalité de sa femme Sacha.

La question « Quatre ? » est effectivement posée. À l'origine, Enki Bilal avait prévu qu'une trilogie, autour du Mal Absolu qu'on peut supposer être la/les religion/s, avec chaque album centré sur un des personnages, Nike, Leyla et Amir. Mais suite à un changement d'éditeur assez houleux, il a réduit la pagination de son troisième volet pour en faire deux album. Alors qui est ce quatrième personnage central ? Optus Warhole, grand méchant de l'histoire qui n'arrête de changer de personnalité, de nom et de forme ? Ou la femme d'Amir, une Sacha reformatée par « l'Incarnation du Mal Suprême » précité ? À la lecture, on sent aussi que l'histoire s'étire en longueur, manque sérieusement de punch et de réelle conclusion.

Toujours l'incroyable travail d'illustration, où Enki Bilal peint chaque vignette indépendamment, puis fait une maquette et un lettrage sur informatique. On apprécie ou non cette envie de se libérer des contraintes de la planche, mais il peut se permettre une narration plus aérée. Et pourtant...
C'est une impression étrange, comme celle vue dans « Tykho Moon » ou « Immortel, ad vitam », où les difficultés de production altère son scénario en cours de route, où la révolte fait place à une mélancolie... Tout n'était pas si beau finalement en Yougoslavie, mais comme la guerre a laissé de très profonde cicatrices, il est inutile de les rouvrir. Ce n'est qu'un devoir de mémoire, que Nike a absolue.