Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 24 Octobre 2009.
Le Samouraï est un guerrier ultime. Son art de vivre, ses manières, sa maîtrise et le respect qu'on lui présente sont dû pas uniquement à sa manière de croiser le fer, mais surtout au Bushidō. Car la “voie du guerrier” est un art de vivre complet, celui qui lui fait respecter la vie et un respect dû à son seigneur.
Mais quand un samouraï n'a pas de seigneur, c'est un ronin, un errant, un soldat de fortune qui pourrait très bien virer au brigandisme. Il est en marge de la société Japonaise féodale, un paria qui n'a droit au respect que par la menace qu'il peut dégainer son sabre à tout moment.
Ce qu'il connaît du sabre, c'est son père qui lui a appris.
Il n'ai pas d'armoiries, donc pas de seigneur ce qui immédiatement le fait cataloguer comme louche, ses vêtements semblent usés, mais en plus, il a un katana... en bambou !
Sōichirō vient d'emménager dans un quartier, dans une maison miteuse. À la plus grande méfiance des voisins. C'est peut être un enfant qui va l'aider à s'intégrer à la vie de quartier et qui va révéler ce qu'il est : un destin perdu.
C'est un immense honneur que d'avoir interviewé Taiyō Matsumoto quand il était inconnu. La première édition d'« Amer Béton », un coffret en forme de parpaing, s'était vendue confidentiellement (à moins de 2000 exemplaires, bande de pécores !). Et pourtant, graphiquement, il explosait les clichés de la manga, lui qui est fan de Nicolas De Crécy. Sa nouvel série est un tournant graphique, avec un style qui a bien changé par rapport à son univers urbain habituel. Il garde les déformations délirantes du cadre, les éléments oniriques qui s'insèrent dans la réalité, les expressions transfigurées. Le dessin est un trait très fin, les traits plus schématiques... Un peu comme si Matsumoto avait repris le style graphique de l'adaptation au cinéma de son fabuleux « Amer Béton » réalisé par Michael Arias, mais en y coulant le style graphique des grands illustrateurs d'ukiyo-e, en faisant mes recherches documentaires pour cette chronique, j'ai immédiatement pensé à des artistes du XVIIIème siècle comme Toshusai Sharaku. Mais je m'y connais pas suffisamment pour retrouver les références qui doivent sûrement foisonner dans ce superbe bouquin.
Car une fois de plus, Taiyō nous impressionne en décrivant le monde de la rue, les petites gens et les parias. Tout en nous invitant dans un monde graphique aux multiples références populaires de leur époque.
Comme le dit le Comte (de Champignac) : Sabre de bois !