Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 31 Octobre 2009.
Le principe d'une uchronie, c'est qu'on prend un évènement historique et on en change légèrement l'issue. Cela peut être un évènement important, ou un évènement que l'on crée de toute pièce. l'uchronie, c'est le mélange subtil de l'histoire en costumes (se déroulant à une certaine époque) et de la fantasy. Par exemple, « L'armée de la Résistance » supposait que le Japon eut gagné la Deuxième Guerre Mondiale, ou dans « Ministère de l'Espace », que l'Angleterre s'étant lancé très tôt dans la course à l'Espace, eut atteint la Lune en 1958.
Fumi Yoshinaga part d'une maladie fictive : la variole du Tengu, qui tuerait principalement les hommes jeunes, et fait que la population féminine est quatre fois plus importante que celle des hommes. Or, si le Japon du XVIIème siècle était touché par une telle épidémie, que ce serait-il passé ? Les hommes seraient devenus des bien précieux, qu'on vendrait, qu'on chouchouterait ou que l'on cloitrerait.
Or cette époque est aussi le début de l'ère d'Edo, celui du renfermement du Japon sur lui-même, et le règne du Shōgun qui de sa capitale Edo impose sa volonté, même sur l'empereur. Et leur famille est suffisamment riche et puissante pour se permettre des extravagances alors que le Japon est dans une période économique difficile. comme transformer le pavillon des femmes du château d'Edo (l'Ōoku), sorte de harem,... en pavillon des hommes, un élevage de courtisans pour le plaisir de la shōgun. Avec un millier de mâles qui n'ont pas de droit de voir d'autres femmes à l'exception de sa seigneurie, vous imaginez qu'il s'en passe des choses dans cet androcée !
Des jalousies, des complots, des relations tendues et d'autres plus .... euh pardon, il est encore tôt. Bref, le tout dans un univers aux rites extrêmement codifiés, hiérarchisés et bien virils. Le tout, sous le sceau du secret, il en va de la réputation du shōgunnat !
Chaque tome se raccroche à un personnage particulier. Le premier voit le fils d'une famille noble modeste s'engager dans le pavillon des hommes, et qui va connaitre une carrière fulgurante dans le pavillon. Le deuxième tome, l'histoire d'un moine envoyé par l'empereur, que la shōgun va obliger à renoncer à ses vœux.
C'est peut-être l'un des shojo manga avec la pointe yahoi (histoires d'amour homosexuelles entre hommes, oui ça excite beaucoup les femmes au Japon) assumée, la plus intéressante que j'ai lu depuis un an. C'est bien écrit, il y a des intrigues politiques et il reste tout à fait accessible à un public occidental qui n'a que des notions. En fait, c'est exactement le genre de bouquin donne envie de se plonger dans des livres d'histoire et civilisation pour en apprendre plus.