Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 10 Avril 2010.
On est aux portes du XVIIème siècle, et un mal terrible menace le Japon : Tous les garçons ayant passé la puberté meurent d'une maladie implacable. Le Japon se féminise à cause de la variole du Tengu et bouleverse les codes établits d'une société rigide. À tel point que le shōgun elle-même est une femme. Et qu'au lieu d'avoir un harem de jeunes filles, ce sont des garçons venus des plus grandes familles qu'elle entretient dans un bâtiment clos de son palais, avec interdiction totale pour les autres femmes d'aller y mettre un pied.
Et si ce harem est un symbole de puissance par la dépense indécente d'argent qu'elle représente, elle devient aussi une “possession” stratégique : en attirant les mâles nobles, la shōgun s'assure de l'affaiblissement des grandes familles nobles rivales : Moins de guerriers, mais surtout moins de chefs de clans, moins de mâles reproducteurs, donc moins de descendants. La variole du Tengu est une occasion inespérée de détruire ces familles en les empêchant d'avoir une génération suivante. Une politique de destruction propre, en quelque sorte...
La princesse Chiyo se montre une shōgun tout aussi impitoyable que ses ancêtres masculins : en plus de profiter de la situation pour empêcher les autres grandes familles nobles d'avoir une descendance, elle termine de verrouiller le Japon en cantonnant les Hollandais, seuls occidentaux qui ont le droit de mettre pied sur l'archipel, à une petite île qui leur servira de comptoir.
L'uchronie est très intéressante : fiction autour des mœurs d'une époque très codifiée, bouleversements politiques, le tout est servi par un dessin particulièrement léché. Dès les premiers chapitres du premier tome, nous avons été scotché à la fois par le graphisme superbe, mais aussi par le scénario très prometteur. On est comblés.