Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 11 Septembre 2010.

Si vous avez manqué l'émission du 31 Juillet dernier, vous êtes passés à côté de la curiosité éditoriale qui nous fait tripper. « Bakuman » est une série écrite par les auteurs de « Death Note -» qui met en scène deux collégiens rêvant de devenir mangaka.

En soit, que l'on aie un manga qui apprenne un métier, ça n'a rien d'exceptionnel, même si le genre manga-pour-apprendre-un-métier est encore relativement peu traduit en France. Et le fait d'expliquer le métier de dessinateur dans un shōnen-manga, évidemment, on s'attend à une certaine part de lyrisme.

Et là où l'on se prend une claque, c'est que c'est une série réellement éducative et que les auteurs jouent avec leurs propres lecteurs ! Mashiro et Takagi font donc le pari d'une réussite professionnelle et de se faire prépublier une série dans Shōnen Jump, premier tirage japonais d'un magazine BD. Et cela fait un an que les deux jeunes devenus lycéens sont suivis par un responsable éditorial du Jump.

Sauf que la série « Bakuman » elle-même est publiée dans Shōnen Jump. Eh oui, il fallait l'oser, une mise-en-abîme (ou embedding pour ceux qui pratiquent l'art du scénario en Anglais) dans son propre support. Et que les deux associés vont découvrir avec leurs lecteurs comment vit une série, l'importance des votes du public sur sa vie ou sa mort, les difficultés du métier, et pourquoi on trouve forcément de la baston et de l'humour tous les Lundi à la station de métro.
Pourquoi dans les autres pages de ce numéro va-t-on trouver « Bleach », « Shaman King », « One Piece », « Hunter X Hunter », « Rookies », « Yu-Gi-Oh », « Naruto » , dans un certain ordre et avec certains ressorts dramatiques. Bref, tout ce que honnit les réfractaires aux mangas, qui ne s'arrêtent qu'à la partie la plus commerciale et la plus formatée de la bande-dessinée Asiatique. (Et ils ont tord).

Tous les éléments comme l'importance d'un découpage, l'usage d'un twist, l'importance d'un personnage féminin, le design du méchant,... ben tout ça, les auteurs vous l'expliquent puis la mettent en pratique dans la série !

La folie furieuse des 20 pages (en moyenne) a dessiner chaque semaine, la pression des directeurs éditoriaux, l'angoisse du classement de popularité des lecteurs. C'est à se demander comment font-ils pour gérer le stress de la page blanche... Car c'est exactement ce qui va arriver à Takagi, l'apprenti scénariste. Pour leur deuxième été à tenir ce pari fou, il est essoré après avoir sorti des dizaines et des dizaines de scénarii, découpages des trois premiers épisodes inclus. Pendant ce temps, et ayant besoin de pratiquer, l'aspirant dessinateur Mashiro accepte un job d'assistant chez Niizuma ! Le dessinateur ultra-prodige qu'ils considèrent comme leur rival se trouve de plus être fan de leur travail.

Je vous l'ai dit, tous ces ressorts dramatiques, on en explique la non-gratuité à longueur de page, or annoncer les évènements à venir dictés par le script est peut-être le twist scénaristique le plus difficile à réussir. Et en plus, les auteurs se permettent de critiquer le système commercial qui ont fait leur succès.

Si vous aimez la manga, et que vous aimeriez avoir un regard critique, cette série risque de vous plaire.
Si vous vous appelez Ségolène Royal, la ramenez pas avec votre brulot écrit en 1989 et relisez « Candy Candy ».