Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 4 Septembre 2010.
Si la série de one-shots « Une aventure de Spirou par... » a reçu des éloges (tout récemment), la série principale a plus fait parler d'elle ces dernières années par son chaos éditorial que par ses derniers albums. Il faut dire que « Spirou » est un cas à part dans la BD Franco-Belge. Au lieu d'appartenir à ses auteurs, l'univers appartient à l'éditeur, qui donc peut changer d'auteur à sa guise, sur le modèle de ce qui se fait dans le domaine des comics de super-héros.
Or si Franquin est unanimement vu comme l'auteur de la période d'or, depuis sa succession en 1969, Fournier et Broca ont plus tenté de suivre leur prédécesseur que d'inventer. C'est l'arrivée de Tome et Janry qui va relancer la créativité de la série en créant une série fille contant la jeunesse polissonne du « Petit Spirou », et en mettant Spirou dans des aventures plus polar et adultes que fantastiques comme l'a fait Fournier.
Après 15 années, Tome et Janry avant lancé un pavé avec leur dernier album « Machine qui rêve », scénaristiquement et graphiquement. Fini le Spirou aussi plat qu'un Tintin, ils lui avaient donné un caractère adulte. C'était en 1998.
En 2004 Jean-David Morvan et Luis Muñuera reprennent la série et reviennent plus vers Fournier avec « Paris-sous-Seine », mais dans le troisième album, Morvan qui a toujours rêvé du Japon envoie « Spirou et Fantasio à Tōkyō » mais surtout met un dessinateur japonais pour créer un reboot de Spirou en manga. L'idée était peut être trop perturbante pour la vénérable maison de Marcinelle.
Ça s'est terminé en un clash, où un scénariste de plusieurs séries à succès peut se permettre de hausser le ton face aux éditeurs.
Pour le cinquantième tome « Aux sources du Z », accouchée au forceps et par la puissance des petits caractères du contrat les liant Dupuis, Morvan et Yann créent une histoire hommage à la période Franquin , revisitant et ré-introduisant Zorglub. La conclusion qui retente un reboot, est très mal appréciée par une partie du lectorat.
C'est pour ça que Fabien Vehlmann l'ignore complètement ou presque : à part une pique au détour d'un dialogue (page 30), Vehlmann profite de la ré-introduction du personnage de Zorglub qui n'est plus complètement evil, mais un idéaliste aux méthodes extrêmes et surtout gros gaffeur.
L'histoire est plus axée fantastique, le dessin de Yoann revient vers un Spirou plus proche de Fournier.
Alors, je ne veux pas spoiler nous plus, mais il est peut être temps de vous faire un résumé : On va juste dire que suite à un attentat manqué de Zorglub, la campagne autour de Champignac est devenue une jungle folle en évolution perpétuelle. Spirou et Fantasio répondent à l'appel d'urgence du Comte de Champignac, mais se voient interdits d'approcher, la région étant mise sous quarantaine par les militaires.
L'album est très drôle, bourré de trouvailles. Le tandem Vehlmann et Yoann fonctionne très bien sur Spirou puisqu'il a déjà été rodé dans la collection « Une aventure de Spirou par... » intitulé « Les Géants pétrifiés ». Fabien Vehlmann nous avaient hypnotisé avec sa série « Violine ». Et ceux qui connaissent Yoann savent qu'il est capable de l'enfantin mignon comme « Toto l'ornithorynque » ou du cyberpunk trash-pr0n avec « Ninie Rézergoude ».
(oui oui, Yoann, t'as cru que j'avais oublié, mais non...)