Trouvé sur Slashdot cet article de The Escapist (dont je vous conseille la version imprimable pour des raisons de lisibilité) qui fait sérieusement froid dans le dos.

Vous saurez pourquoi les boîtes de jeu sont passées de superbes packaging en carton à un boîtier de DVD, pourquoi même les sirènes portent désormais des bikini, pourquoi il existe maintenant un jeu vidéo de chasse au cerf... Et c'est pas forcément le plus excitant.

Maintenant, remettez en place le fait que les jeux vidéos sont autant de la culture que la musique vendue sur disques nylons ou les films en multiplexes. C'est à dire du divertissement. L'influence de Wal-Mart est telle qu'ils peuvent exiger qu'un film “vendu” (me demande encore qu'est-ce qui est vendu dans un DVD) dans leurs magasins soit réduit (doux euphémisme pour ne pas dire censuré). Un article introductif* sur le fait que la Culture qu'on a tenté de défendre contre la loi DADVSI a déjà sérieusement bafoué la vision de l'artiste et insulte quotidiennement son consommateur.
Ne me faites pas dire que les paroles de Kyo sont dictées par Carrefour...
(* introductif car un article plus gros est en standby depuis un mois). Hélas, contrairement à leurs fournisseurs, cette chaîne de supermarchés a déjà anticipé le passage d'Internet, mais d'un Internet façonné à leur manière.

Nous avions déjà abandonné la défense de notre droit à la culture, celle-ci part pour s'abêtir, rester consensuel pour éviter tout procès d'un Mammouth de la distribution. C'est CELA que vous voulez ?

Rien que pour vous convaincre de lire cet article, je vous traduis à la volée l'encart qui présente un certain empire américain :

Wal-Mart est le magasin leader dans tous les secteurs de la consommation, incluant les jeux vidéos. Wal-Mart, basé à Bertonville (Arkansas, USA) représente 3500 magasins rien que sur le territoire États-Uniens, dont des centaines de Supercenters et magasins d'équipements Sam's Club. Chaque semaine, un tiers de la population Américaine y fait ses achats, cette société représente 8% des ventes au détail aux USA (hors véhicules), et plus de 2% de l'économie nationale. Son C.A. annuel est proche de 288 Milliards US$, ce qui en terme de PNB ferait de Wal-Mart la 23ème nation la plus riche du monde, juste derrière l'Autriche. Wal-Mart emploie 1,8 millions de personnes, plus que l'Armée Américaine.

Les lecteurs ne vivant pas en Amérique du Nord savent peut-être que Wal-Mart est la plus grande société au monde, mais “n'apprécient” pas forcément le cocktail très fort et névrotique des sentiments qu'il inspire chez beaucoup d'observateurs Américains.
Les magazines financiers d'un côté célèbrent son efficacité implacable, ses relations d'affaires sans tâches et son imperturbable volonté à vouloir faire des économies à sa clientèle ; mais d'un autre côté critiquent son impitoyable rouleau-compresseur qui a détruit quasi toute la concurrence, la délocalisation d'industries entières [NdT: ce que l'on appelle le paradoxe Wal-Mart : le client paie moins cher à la caisse, mais paie durement par les pertes d'emplois] et ses effets désastreux sur la diversité et la qualité des produits. Les activistes sociaux dénoncent le fanatisme de Wal-Mart contre la représentation syndicale, des salaires en dessous des niveaux de pauvreté (certains de ses “associés” à plein temps gagnent si peu qu'ils doivent leur survie à l'aide alimentaire sociale), des bénéfices de gagne-petits et une volonté ogresque de supprimer toute “politique pépère” sur les assurances-vies [équivalent privé de la Sécu et de la retraite] de ses employés sans les en tenir informés. Chaque année, Wal-Mart est l'objet de 5000 poursuites judiciaires.

La sénatrice Hillary Clinton (femme d'un ancien Président Démocrate), victime très acerbe contre les jeux vidéos, fut membre du Conseil de la Direction entre 1986 et 1992.

Ceci qui l'a écrit n'est pas n'importe qui non plus : Allen Varney est un concepteur de jeux de rôles comme « Paranoia » et de jeux informatiques. Il est le premier concerné sur la disparition de la notion d'auteur pour celle de vision purement distributique.