Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 29 Octobre 2011.

Tezuka est la référence absolue de la bande-dessinée et de l'animation Japonaise. C'est un peu l'union entre Hergé et Disney qui a créé nombre de classiques au pays du Soleil Levant : « Astro le petit robot », « Phénix », « Le Roi Léo », « BlackJack », « Les trois Adolfs », « Gringo », sa production est absolument dantesque par son volume mais aussi par sa qualité.

Ce livre est une auto-biographie un peu particulière qui est enfin traduite en Français : un livre sorti en 1997, soit 8 ans après sa mort, en compilant des conférences et des interviewes qu'il a donné, le tout complété par des témoignages de proches. C'est son verbe, son texte, ses expressions, et on le découvre encore plus humain que jamais.

La première chose qui marque dans ce qu'il raconte, ce sont les brimades en tant qu'enfant, qui l'ont profondément marqué. Le thème des sales gosses sera toujours traité d'une manière assez particulière dans son œuvre. Mais l'événement le plus marquant, c'est bien évidemment la guerre, et le bombardement d'Osaka. On sent que la tragédie l'a définitivement marqué au point que toute son œuvre parle du respect de la vie. Après, il y a ses études et sa carrière avortée de médecin, mais aussi son rapport à la science qu'il considère comme déshumanisante. Si vous n'aviez pas saisi le message dans « Astro le petit robot » ou dans « Phénix », je vous incite à relire ses manga.

L'un des épisodes les moins connus de sa carrière concerne sa quasi-faillite personnelle. Menant de front à la fois sa carrière de dessinateur de manga, mais aussi de réalisateur de dessins-animés, son entreprise a manqué de couler, et on est surpris d'apprendre comment il s'en est tiré. Là encore, une belle leçon d'humanisme, mais aussi de management de talent artistique et de la valeur réelle d'un artiste.

Osamu Tezuka n'a été véritablement connu en France qu'après sa mort. Et c'est bien dommage. L'auteur se révèle, on le savait modeste et perfectionniste, on découvre qu'il regrettait de ne passer plus de temps sur l'éducation de ses enfants.

Le livre est touchant, il intéressera ceux qui connaissent l'œuvre immense du Dieu du Manga, mais il passionnera aussi ceux qui veulent comprendre comment les mœurs du Japon ont radicalement changé entre les années 1940s et 1980s, et comment finalement, il est devenu un grand pays de la bande-dessinée.
Sensei s'est enreichi de multiples sous-collections qu'on ne peut que classer en fonction du format d'impression. Avec une surcouverture découpée, un cartonnage solide et son épaisseur raisonnable (196 pages), ce livre est à ranger dans les biographies et les livres d'analyses de la BD. Mais il ne faut pas l'ignorer si on ne s'intéresse qu'aux productions actuelles, car l'empreinte que Tezuka a laissé marque encore et toujours les mangaka d'aujourd'hui.
À noter que Casterman avait traduit sa biographie dessinée par son équipe.