Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 14 Janvier 2012.

Il m'a fallut du temps pour prendre le courage de l'ouvrir. Le sujet est difficile, car il parle de l'amour après la mort. Et c'est un livre autobiographique, qui parle de l'envahissement de la vie privée par son travail, et de trop rares moments d'intimité. En fait, j'étais gêné car je m'y retrouvais indirectement.

Ce livre est une œuvre de deuil d'un dessinateur envers sa femme disparue. Kentarō Ueno est un dessinateur de manga, avec des délais de productions hebdomadaires absolument dantesques. Son atelier est à l'étage de sa maison, et en dessous y vivent sa femme et sa fille.
Un soir alors que Kentarō descend à son appartement, il y trouve sa femme, Kiho, face contre terre, ne respirant plus, ses mains froides. Immédiatement, il tente de lui faire du bouche à bouche et un massage cardiaque, car cela fait très peu de temps qu'elle est dans cette position et que les secours vont vite venir.

Mais malheureusement, il est trop tard : Elle ne se réveillera jamais.

Il faut donc réaliser, répondre aux questions de police, appeler les proches, s'occuper de sa fille, préparer les cérémonies, et aussi bousculer le planning de l'éditeur et des assistants.

On imagine la détresse de l'auteur, et surtout les regrets de cette disparition subite. L'amour qu'il portait à sa femme, le soutient mutuel, elle à son travail très prenant de dessinateur, lui à sa maladie, l'asthme et la dépression dans laquelle elle essayait de surnager.

C'est un album empli d'une immense tristesse. Des images où les autres ne sont représentées qu'en silhouette, la maladie et la mort qui rodent comme des bêtes, et surtout des scènes étranges. Que cela soit la recherche d'un magnétoscope qui puisse lire les cassettes d'il y a dix ans, ou encore la fille qui regarde « Le voyage de Chihiro²nbsp;» dans le salon, à côté du cercueil de sa mère.

Lire ce livre est assez difficile, le chroniquer aussi.
L'auteur parle de valeurs qui sont universelles dans nos sociétés dites “modernes” : la maladie, le travail très prenant, et la distanciation de la mort par rapport à la vie quotidienne. Cette histoire est un devoir de mémoire qui conclut son travail de deuil. 5 années après, il a refait sa vie, mais ce livre est une belle preuve d'amour.

L'édition Française bénéficie d'une fort jolie couverture en vernis sélectif. Ce qui sert l'émotion du narrateur submerge du dessin et vous envahi.