PS: cet article a été écrit Lundi.

Pour vendre un livre existe un vaste panel d'espaces spécialisés. Je ne parle pas du rayon culture d'un supermarché ou d'un débit de tabac dans une gare, je parle de surface commerciale dédiée au livre. Des plus grands comme les Cultura et autres Fnac où les livres ne représentent qu'un produit à 35% de marge avec possibilité de retour au distributeur, présentés dans des hangars froids baignés "animée" d'annonces amplifiée d'un jingle douteux, "conseillés" au public par des techniciens es-ventes se montant souvent perdus en dehors du top 10 Ipsos/Le Point... Aux plus modestes comme la libraire spécialisée de quartier au sourire aussi chaleureux que modeste est son C.A., y'en a pour tous les goûts.

Ainsi, à Londres, Waterstone's est une chaîne de librairies immenses prenant un bâtiment entier. Pourtant l'accueil très soigné vous fait plus penser à une bibliothèque : fauteuils confortables pour lire un chapitre, voire emmener le bouquin au bar à jus de fruits de l'étage. Les Anglais vous donnent avec la classe toute Britannique, définition de “client” : guest. Si vous cherchez une b.d. Anglaise indy (peine perdue...), les vendeurs vous donneront un plan du quartier du magasin en vous indiquant la concurence avec des détails assez précis... et le sourire ! Ça donne envie de leur acheter n'importe quoi.

Alors que voulez-vous que je fasse à Biarritz coincé par temps de pluie ? Un ville qui adôôôôôôre la jeunesse (cf panneau à droite) Les bars sont d'une futilité déplorable (hier, le seul où je suis resté plus d'un demi avait un dj qui aurait dû continuer à fumer sa médiocrité plutôt que de tenter de pitoyables enchaînement avec ses vinyles reggae mal écoutés), les expos vites vues, les cybercafés tenus par des gens vaguement compétents qu'en MS-Windows (même pas Firefox, va laisser tes identifiants dessus, brrrr) , la plage humide jusque sous les parasols... C'est donc en remontant vers mes pénates que je décide de faire une halte dans une de mes librairies préférés. J'avais envie de sentir l'air du large, celui qui fait rêver.

Cette librarie étonnante est à deux pas du Casino Municipoil, 4 de la plage et 5 minutes à pied de ce spot mondialement connu des surfeurs. Baignée d'embruns, soigneusement snobée par les touristes de cette station balnéaire bourgeoise qui s'empressent aux cours de danse traditionnelle donnée en basque. C'est tellement typique, n'est-il pas ? Car nous sommes à Biarritz, l'univers du paraître et d'une futilité toujours surprenante, station balnéaire certifiée bourgeoisie de Second Empire. Pas vraiment ma tasse de thé, darling...

Donc ce “Bookstore” très British est une petite boutique biscornue, à l'atmosphère surannée tellement charmante. Passés les présentoirs de carte postale de la rue, l'entrée est coupée en deux par un guichet digne d'un théâtre. L'intérieur est pleine comme un œuf, les livres de poche s'empilent hors d'étagères qui succombent sous le nombre d'assaillants. On ose en sortir son bonheur de peur de tout effondrer. Une expérience à déconseiller aux claustros, ou à éviter avec un sac si vous êtes maladroits vue l'étroitesse des lieux. Vous auriez plutôt l'impression d'être dans une arrière-boutique ou le grenier d'un bibliophile fou si les genres n'étaient indiqués par des papiers punaisés aux murs, des flèches rehaussées au feutre fluo vous incitent à y plonger ses mains. Vas-y, n'aie pas peur, ce n'est pas sale.

En fait, en entrant dans cette boutique qui hésite dans ses entresols aménagés sous un escalier majestueusement encombrée de littérature, j'ai l'impression de retrouver la Librairie Privat des années 1980s avec ses bibliothèques pivotantes. La masse de livres exposés vous incite à en déplacer d'autres, vous révélant encore d'autres lectures et parfois de bonnes surprises. Passé les premières hésitations, votre curiosité se révèle vite récompensée.

Voilà pourquoi j'aime bien cette modeste boutique, elle représente ÀMHA ce que doit être une librairie : une porte vers l'évasion.