...Car créer son blog, c'est aussi créer son labo pour expérimenter des techniques, un lieu idéal pour un showcase ou pour y exposer son savoir-faire (en Français dans le texte), et dans le cas d'une partie de mon lectorat, sa science du développement serveur web. Blog... Weblog... Journal personnel exposé sur internet... Donc...

Moi vouloir blog moi...

...mais plus savoir pourquoi. Hem.

D'abord il y a le succès du blog. Comme le souligne Gia dans le sien (l'article qui m'a motivé à écrire cette nuit un article que je rumine depuis des années), il est littéralement énorme... et son audience parfaitement incalculable. Un effet boule de neige, entraîné par le mimétisme, l'effet de mode, voire l'absurde commande commerciale qui oublie sa réalité : la spontanéité.

Mais si le blog n'est à la base qu'une mise en forme des sites persos, il va au-delà puisqu'il induit une réelle communauté. La meilleure preuve, c'est que les premiers blogs et les plus connus sont des blogs ... collaboratifs comme le vénérable /. et BoingBoing. Des fanzines constitués uniquement de liens avec une déclaration éditoriale, une opinion du contributeur.

Le blog fait àmha partie d'un nouveau système de liens sociaux qui ne peuvent exister que par la diffusion “universelle” du net à la fois dans l'espace et le temps. Une réelle évolution de la recherche d'information sur le web, basée sur la communauté plutôt que les automates de collectes/synthèses et autres systèmes experts. Au lieu de se fier à des moteurs de recherche de plus en plus pollués par les cybersquatteurs et les polluposteurs, les utilisateurs avertis du net commencent à se tourner vers ces espaces sociétaux thématiques. C'est un peu du co-sanguinisme, mais on y trouve un conseil, une suggestion adaptée à ses goûts. C'est une réponse à une demande, une initiative personnelle face à une vacuité constatée : Le besoin profond d'empathie. Votre ordinateur est désormais un réseau, d'autres individus peuvent apparaître à l'écran.

Ont ainsi grandi avec Internet et l'hypertexte des espaces collaboratifs qui apportent leur contribution à une “communauté” supposée où le lecteur peut devenir acteur : le logiciel libre (linux, Firefox, Open Office, Apache, php, etc...), le magazine, la critique à plusieurs mains, l'encyclopédie, l'annuaire collaboratif, le marque-page en vrac, l'exposition, les licences artistiques libres, l'état de l'art. Par le fait que le site ne soit pas motivé financièrement mais qu'il nous en coûte d'en faire un et d'initiative privée (des rigolos me soufflent “citoyen” à gauche...), ces espaces commencent à être reconnu face à des entreprises parfaitement établies car son contenu éditorial n'est pas susceptible d'évoluer pour des motifs d'audience... Qui est au contraire un très gros souci en cas de forte fréquentation, à moins d'avoir un hébergeur très tolérant ou d'être très fortuné. Comme disait Pierre Desproges, une vedette est une « personne qui travaille dur toute sa vie pour être connue, et qui porte ensuite de grosses lunettes noires pour ne pas être reconnue » (in Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis).

Votre blog comportera forcément des liens. Pas que vers chez les copaings, mais aussi vers vos lectures favorites, vos maîtres à penser que vous vénérez à chaque ouverture de votre aggrégateur. Annoncer ses sources, c'est déjà blogguer.

Première dilemme : s'installer

Si les premiers espaces personnels devaient être conçus à la main dans ses rouages, il existe heureusement des systèmes clés en mains, comme Dotclear, mais aussi des hébergeurs spécialisés comme 20six, Blogger etc etc etc. Tout la difficulté de la mise en œuvre, c'est le choix fondamental. Faut-il gérer techniquement son propre blog ou se reposer sur un service spécialisé qui fait tout sauf le remplir à votre place ?

Le choix le moins facile, c'est tout à la pogne. Les joies de découvrir que son hébergeur n'accepte pas toutes les fonctions PHP, les trous de sécurité, la gestion d'une base de données, les modifications impromptues. Que le CMS choisi n'a pas toutes les fonctionnalités prévues, qu'il a de sérieux bugs ou une base utilisateur principalement germanophone... Mais administrer son site, c'est aussi le maintenir techniquement à jour, les correctifs de tous les scripts installés, donc se tenir continuellement au jus. Un travail digne du tonneau des Danaïdes, mais c'est là où l'on montre sa maîtrise technique dans une totale liberté. Si vous êtes très fier de votre bébé, vous êtes carrément libre de mettre de la pub pour faire croire que vous êtes un vrai pro.

Celui qui pose apparemment le moins de soucis, c'est d'avoir son blog publié sur un site commercial. Mais on est vite limité par l'absence de liberté sur les scripts, la mise en forme, ses limites ou parfois la présence de bannières publicitaires. Pourtant, le réel écueil c'est la responsabilité éditoriale. Votre prestataire peut très bien décider de dépublier vos billets, de les édulcorer ou de supprimer votre compte, soit parce qu'ils portent atteinte juridiquement, qu'ils présentent un risque juridique, financier, légal pour l'hébergeur... ou d'autres moins avouables (ai-je dit “msn spaces” ou “yahoo geocities” ?).

La réponse est dans votre angoisse technique.

Deuxième dilemme : vertige de la page blanche

C'est pas le plus petit. C'est celui qui vous hantera toute la vie de votre site et au-delà (web.archive.org me fait parfois honte, hem brrrr...)... Quel l'intérêt de publier son blog ? Pourquoi montrer son éventuelle vacuité ? S'exposer sur le web est un risque, celui de se faire juger pour ses idées, mais aussi pour son style.

L'immense majorité des blogs sont chiants. Je n'ai pas d'autres termes. Il utilisent le langage sms, sont mal écrits, bourrés de fautes jusqu'à l'illisible. Du gâchis de bande passante. Quand Dew démonte les Skyblogs®, la marque attaquée n'est juste qu'un des représentants de ces sites totalement vides, inintéressants ou au contenu plus que suspect.
Car la dérive est rapide vers une encyclopédie de la théorie des races ou un annuaire de sites pédophiles... Cela revient à la responsabilité de l'hébergeur ou du FAI, mais cela entraîne aussi une autre question : celle des responsabilités juridiques et des libertés d'expressions selon les pays. Mais on s'égare. La règle universelle est celle de l'éthique et de la sincérité. Oui, on a des valeurs, mais si on est pas naturel dessus, elles paraîtront bien fades. C'est pas la peine de vouloir écrire comme un w@rl0dz, un scarla de lieuban ou tro sms c krémnt otist (°.°); . lol.

Faut-il créer un contenu ultra-spécifique, comme un podcast consacré à la cuisine maison ? Épingler les totalement crétins du web ? Parler de sa vie, tout simplement parce qu'elle est formidable comme celle d'un Boulet ou d'une Mitternacht ?
Mon propre site mélange tout : mes textes et mes enregistrements radio, mais aussi ma petite vie, des photos de mon chat et mon cv. C'est affligeant, mais personne s'en est plaint. Comme je fais de la radio depuis 1992, j'ai déjà mes réponses et elles ne me suffisent toujours pas.

Troisième dilemme : la Peste et le Choléra

Dernier souci, et non des moindres de ces espaces ouverts, ce sont les profiteurs très mals intentionnés. Car un blog est un site web ouvert 24/24h, 7/7j, et la possibilité de commenter ou de rétrolier lui permet à la fois de vivre sans votre présence continue, mais aussi de se faire tuer. Comme infection, il n'y a pas que les vers spécialisés dans certaines failles ou les attaques brutes de mots de passe. Ainsi la création de faux blogs qui polluent le principe, mais surtout chez soi de faux commentaires ou de faux rétroliens qui deviennent difficile de juguler. Ces pollueurs dégazent leurs merdes dans votre blog, sans le souci du risque d'illisibilité ou juridique de son propriétaire (puisque votre responsabilité éditoriale est engagée malgré tout). Ce sont des squatteurs, les mêmes qui inondent vos mails. Pire que tout, ceux qui se croient spirituels. Ainsi Wikipédia France a été taggué en clamant que Podémus était « l'annuaire francophone des podcasts ».

Une publicité déplorable sur le principe et tout à fait mensongère car ledit site commercial n'était ni premier, ni référent dans son secteur (il était encore en tests au moment de cet affichage sauvage). Supposons qu'il s'agisse d'une maladresse... Mais imaginez les dégâts que feraient une cascade de ce genre de méthodes tout à fait lamentables. D'entrepreneurs sans foi ni loi qui profitent d'une notoriété dûment acquise et d'une mise en ligne gratuite. Le découragement des bénévoles, la consommation des ressources, la destruction du bien accumulé. C'est pour ça que la “communauté” des bloggeurs réagit avec violence contre ces débordements. Ouvrir un weblog, ou participer à un site collaboratif, c'est aussi réfléchir sur ses limites, sur la liberté d'expression, et l'obligation d'y faire le ménage. C'est un engagement. Le même que participer à une radio associative.

Da Scritch, envoyé spécial, en direct de son clavier.