Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 23 Septembre 2006.
Noko est une boulimique, une affamée par angoisse qui mange des quantités phénoménales de nourriture uniquement parce qu'elle est continuellement mal dans sa peau. C'est l'histoire d'une jeune femme, qui porte des vêtements qu'on appelle graisse. Et les railleries qu'elle subit depuis toute petite n'ont fait que s'amplifier, une fois rentrée dans la vie active comme O.L., Office Lady, ou plus vulgairement Ocha Lady, secrétaire corvéable pour le thé, le fax, et souffre-douleur attitrée d'un sous-chef d'équipe. Plutôt que se lamenter, ben elle bouffe, elle bouffe, elle bouffe.
Contrairement à ses collègues fines qui passent leur paie dans leur look, Noko ne vit plus chez ses parents, et une fois le loyer payé, elle dilapide son budget en nourriture. Quant à son look, autant elle ne peut mettre un budget énorme en fringues de mode, autant sa taille n'est jamais disponible dans les modèles chics. Heureusement qu'elle a un homme dans sa vie, Saitō. Mais celui-ci est justement convoitée par une de ses collègues, Muyima, une vraie peste, qui veut plus que sortir avec son mec, lui piquer définitivement. Mais que peut aimer Saitō chez Noko ? Ses rondeurs justement.
Noko apprendra brutalement que son mec sort avec une autre. Par dépit, elle décide un soir d'appeler une ligne de rencontre. Ainsi elle “sortira” pour une nuit avec un vieux, qui non seulement va lui faire apprécier sa corpulence, mais va en plus lui laisser une somme rondelette. Qu'en faire ? Peut-être l'occasion de se payer une cure amincissante, cédant au diktat de la fille fine, sans se poser la question d'où vient son mal-être.
On avait déjà pu apprécier le style de Moyoco Anno, avec « Happy Mania », l'histoire d'une boutiquière et de sa sexualité débridée. Il faut se méfier de son dessin délicat, « In the clothes named fat » est la radiographie brute d'une société basée sur le paraître et les dominations sociales. Les frustrations d'une jeune femme, isolée par son physique et bridée par son travail, carcan d'une caste moderne.