Un film de Billy Tang, avec Kent Cheng, Simon Yam, Danny Lee. Disponible en DVD chez Metropolitan Filmexport, collection "Catégorie 3".

Après avoir surpris sa femme en plein adultère, un homme part noyer son chagrin dans un bar. Ivre mort, il commandite sans s'en rendre compte l'assassinat de sa femme. Dans l'impossibilité de payer sa part du contrat, le cocu demande à un gang qui squate sa maison secondaire d'aller buter le parrain local. Mais l'un des membres du commando meurt durant l'opération, et son frère aîné ne vit désormais que pour buter toute la famille du héros.

A Hong Kong, les films classés "Catégorie 3" sont considérés comme trop violents, érotiques ou transgressifs pour s'adresser à tous publics, et sont de ce fait un territoire défoulatoire pour réalisateurs de films extrêmes, jusqu'au boutistes. Ceci dit, si l'on considère que certains films ultraviolents n'appartiennent même pas à cette catégorie (« The Big Heat », ou même « The killer »), on peut s'attendre au pire quant aux excès contenus dans ce type de films. Effectivement, ça charcle sévère.

Grand-mère défenestrés, fillette de 6 ans brûlée vivante à l'essence, rien ne nous est épargné. La réalisation est menée à l'ancienne, avec des prises de vue au grand angle, très près des comédiens, et des scènes d'action filmées caméra à l'épaule, afin d'obtenir ce rendu hystérique propre aux films HK de la fin des années 80 / début des années 90, et très loin des plan ultra-séchés de leurs lointains cousins actuels (« Infernal affairs », « SPL », ou même « The Mission »). Dans « Run & kill », les rebondissements relèvent du grand guignol, les méchants mettent du temps à crever, le héros peut s'avérer un excellent apprenti boucher quand il s'agit de vengeance, ça transpire, ça hurle, ça empale, ça écrabouille, et ça viole. Pour apprécier cette débauche de violence et de n'importe quoi scénaristique (surtout la dernière demie-heure) et visuelle (le corps carbonisé de la fillette fait plus penser à un Pokémon qu'à une dépouille visible dans « Les experts »), il faut donc apréhender « Run and kill » comme un thriller démesuré, où toute notion de subtilité et de bon goût n'est pas la bienvenue.

Un film à conseiller aux amateurs de films déviants, perles ultraviolentes, ou oeuvres barrées cataclysmiques. Perso, je suis fan. Ce DVD ne trône pas à côté de mes Takashi Miike, car de nationalité différente (ah, les classements de films...), mais bel et bien collé contre la trilogie du chaos (« Butterfly murders », « Histoire de Cannibales », et « L'enfer des armes ») de Tsui Hark.

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