Ecouter aussi l'émission « Supplément week-end » du samedi 14 octobre 2006.
Un film de Wilson Yip, avec Donnie Yen, Sammo Hung, Simon Yam, Wu Jing. Disponible en DVD chez Asian Star.
L'inspecteur Chan (Simon Yam) est prêt à tout pour neutraliser le parrain de la mafia Po (Sammo Hung), utilisant parfois des méthodes parfaitement illégales. Proche de la retraite, il va cohabiter pendant quelques temps avec l'inspecteur Kwan (Donnie Yen), usant plutôt de techniques martiales.
Loin d'être la bombe annoncée dans la campagne promo, ce film relève plus au final du pétard mouillé. Ce métrage a été produit en réponse au succès commercial de « Ong Bak » (Thaïlande, Prachya Pinkaew), d'où certains choix chorégraphiques. En effet Donnie Yen, star martiale, chorégraphe, acteur, et réalisateur, et dont la présence actuelle dans l'industrie cinématographique Hong Kongaise pallie le déclin des vieux maîtres Liu Chia Lang et Ching Tsiu Tung, a choisi d'inclure certains éléments issus des combats d'Ultimate Fighting afin d'apporter un soupçon d'originalité à un genre qui sent la naphtaline depuis les rempompages successifs d'Hollywood (Yen n'est d'ailleurs pas étranger à cette tendance puisqu'il a participé aux films US « Highlander 4 : Endgame » et « Blade 2 »). Loin en effet de réutiliser les câbles dans des énièmes combats en apesanteur, Yen oriente « SPL » vers de la baston réaliste, brutale, et mettant en valeur les prouesses physiques. Sur ce point, le film frappe juste, mais est-ce suffisant ?
En effet, on ne peut que constater que même si ces combats osent apporter de l'originalité, ils sont loin de rivaliser avec « Ong Bak » et surtout « L'honneur du dragon » en matière de vitalité et de rendu. Le travail du trio thaïlandais Pinkaew/Rittikraï/Jaa sur ces derniers films visaient à exploser constamment toute notion d'accalmie et de lenteur en usant des possibilités offertes par le hors champ, les raccords, et la profondeur de l'espace de combat. Dans « SPL », la manière de filmer les combats sont toutefois loin d'être traitées à la légère, et on peut remarquer de nombreuses subtilités et variétés dans la réalisation des différentes scènes (la matraque contre le couteau dans la ruelle et ses longs plans en traveling lents, contre les empoignades au sol, ses plans vus de haut et son montage haché à la fin du film). On peut dire que les films thaïlandais obéissent à une logique d'exubérance, de fraîcheur et de scénario prétexte, alors que les films Hong Kongais actuels cherchent avant tout à regagner une reconnaissance internationale, via des concepts forts, des intrigues bien plantées, et des visuels plus classieux.
Et c'est justement cette surenchère dans des visuels léchés et l'abandon de ce qui faisait l'atout énorme de l'ex colonie britannique dans les années 80/90 (l'extrême nervosité des situations, jeux d'acteur survitaminés, personnages radicaux, ...) qui est à déplorer aujourd'hui. Les acteurs emblématiques de cette époque ne sont plus des jeunes premiers, les Tony Leung Chiu Wai, Jackie Chan et autres Chow Yun Fat sont désormais reconnus internationalement. Leurs personnages sont plus posés, les scénarii choisis sont plus "respectables". Quelques cinéastes de poids (Johnnie To) gardent encore une patte inimitable et trouvent l'occasion de livrer des films singuliers (« The Mission », « PTU ») au sein même de ces canons esthétiques, et les inovations narratives et plastiques de l'indécrottable Tsui Hark (éblouissant « Seven swords ») résistent encore et toujours au formatage général.
Allez, autant se refaire des « Run and kill », ou des « The Big Heat », avec ses enfants cramés à l'essence et ses criminels multi écrasés sur l'autoroute, ça avait quand même plus de gueule !!!
(tous les articles ciné et dvd de Thomas Berthelon sont disponibles sur son site).
2 réactions
1 De Da Scritch - 26/10/2006, 13:31
En même temps, Sammo Hung qui fait la bombe du grand plongeoir, il reste pas beaucoup d'eau dans la piscine...
2 De Thomas - 26/10/2006, 14:48
C'est vrai qu'il a un petit côté "Obélix"...
Sauf que dans « SPL », c'est la version « Obélix et compagnie ».