Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 28 Octobre 2006.

Ce chef d'œuvre vient de Corée du Sud, au moment où son encombrant voisin du Nord fait parler de lui à coup de péril atomique. C'est un recueil d'histoire d'un dessinateur extrêmement talentueux, capable d'utiliser de manière étourdissante différentes techniques (peinture, encre,...), et qui est reconnu en dehors de son pays natal, puisqu'il a déjà été plusieurs fois publié au Japon, et primé internationalement.

Pourtant, ça respire pas vraiment la joie de vivre à l'intérieur : des histoires courtes, mélancoliques, où il est question de rupture, de mort, et d'amour. Que cela soit une très jeune fille devenue actrice de pornos, de jeunes lycéens aux envies morbides, d'un dessinateur groggy de fatigue, d'un chat amoureux... Des êtres à la dérive, en dehors d'une normalité imposée par la société, dans la lueur blafarde de villes déshumanisées par leur taille ogresque. Les destins iront forcément vers le tragique, le sordide, mais peut-être trouveront-ils finalement une issue heureuse.

J'avais remarqué son travail extraordinaire lors du Festival d'Angoulême en 2003, où il fut invité par la délégation sud-coréenne, et c'est un bonheur de savoir son travail traduit.
On reste dans des histories de la quotidienneté, qui virent parfois au glauque. Que l'on s'y retrouve ou que l'on se dise que son voisin pourrait être acteur d'une histoire similaire, c'est ce qui en fait la force de ces récits courts. On est tellement happée par ces histoires que l'on trouve bientôt tout à fait normal le travail graphique extraordinaire de Byun Byung Jun. Car cet auteur complet a un don absolument bluffant : Celui d'être un illustrateur d'exception quelle que soit la technique qu'il emploie. Ses histoires sont tristes, son dessin est réjouissant.