Un film de Paul Anderson. Avec Lance Henriksen, Sanaa Lathan

Un milliardaire envoie des scientifiques effectuer des recherches dans une pyramide souterraine infestée d'Aliens, vers la source d'un mystérieux signal. Coïncidence : au même moment, un vaisseau extraterrestre débarque et envoie une délégation de Predators au même endroit. Qui va crever ? Qui est le plus méchant ?

En 1979, Ridley Scott révolutionnait le film de monstre : sur un rythme lent et une esthétique glauque à souhait et en même temps novatrice, « Alien, le huitième passager » créait un choc en en montrant le moins possible. 1987, un autre grand formaliste de l'action, John McTiernan, atomisait les fans de survival avec « Predator », avec un Schwarzy au sommet de sa carrière. Qu'en reste-t-il au dans les années 2000 ? La saga fantastique « Alien » est devenue en terme de qualité la meilleure franchise de SF horrifique depuis 30 ans, et les plus grands noms s'y sont succédés au fil des épisodes : Cameron, Fincher, Jeunet. Le « Predator » de McTiernan est lui aussi devenu culte, même si le deuxième opus dirigé par Stephen Hopkins est resté en-deça.

Anderson n'a rien compris au chmimblick. Plutôt que de miser sur l'action à tout va (ça peut aussi donner des trucs ratés, comme « Doom ») via l'utilisation de commandos, mercenaires, ou bad guys, il préfère suivre la tendance de l'héroïne-scientifique-embarquée-malgré elle-qui-va-se-découvrir-des-aptitudes-pour-la-survie ironiquement entamée avec l'Helen Ripley du « Alien » de 1979. Ca s'est déjà vu, et à trop vouloir surfer sur le processus d'identification tout public, on perd en route le côté défoulatoire et nerveux tout de même indispensable. Au début du film, on se dit "pourquoi pas", mais la pauvreté des personnages a raison de cet optimisme. Et quand les scènes d'action viennent titiller la fibre cabrelienne du spectateur ("c'était mieux avant"), on se demande vraiment si l'équipe de production a bien révisé les deux sagas avant de s'atteler au projet. En effet, sans pour autant miser sur le hors champ (Jeunet a présenté de l'Alien sous toutes les coutures, ce qui n'empêche pas « Alien la résurrection » de rester très bon 10 ans après), était-il nécessaire de tourner la séquence de l'éclosion des oeufs aliens avec un bullet time ?!??!?!! Et mise à part la première rencontre entre les deux monstres, pas trop ratée, on ne se passionne guère pour ce duel orchestré avec les pieds, aussi captivant qu'un énième film d'appartement à trois personnages filmé par Nicole Garcia.

Le personnage de Lance Henriksen était au départ une bonne idée. Sauf que bien qu'il s'appelle Bishop, comme l'androïde de la quadrilogie, il n'a rien à voir avec la choucroute. Quel intérêt si la référence s'arrête au nom et à l'acteur ? On peut aussi regretter que la pyramide et ses portes coulissant à intervalle régulier (tiens, si on surfait aussi sur le film « Cube », les jeunes ont bien aimé) n'ait pas été plus exploitée, montrée (pour, par exemple, exploser dans des combats dantesques) avec un minimum de talent. Une autre question : fallait-il obligatoirement présenter l'Alien comme le méchant et le Predator comme le gentil ? Ne pas choisir n'aurait-il pas donné un rendu plus apocalyptique et "fin du monde", en accord avec l'accroche : "quel que soit le vainqueur, nous serons tous perdants" ?

Mon avis : un film ultra chiant qui réussit l'exploit de transformer en boue deux personnages emblématiques. Après avoir ridiculisé les « Resident Evil », Anderson prouve que son correct « Mortal Kombat » s'était surtout trouvé boosté par la musique de George S. Clinton.

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