Un film de Steve Bendelack, avec Rowan Atkinson, Wiilem Dafoe, Emma De Caunes, Jean Rochefort
Bean gagne au loto un billet pour la côte d'Azur, ainsi qu'une mini caméra DV pour immortaliser son voyage. Sauf que tout va aller de travers : il rate son train, se coltine un gamin séparé de son père par sa faute, perd ses papiers, et s'ensuit ainsi un périple entre Paris et Cannes. Sur le chemin, il va devoir expérimenter l'autostop, apprendre à manger des fruits de mer, et figurer dans une pub pour un yahourt.
Au départ, le personnage de Mr. Bean, créé et interprété par Rowan Atkinson est apparu dans une série TV de 14 épisodes de 30 minutes, diffusée pour la première fois en Angleterre en 1990. Un personnage ne parlant pas, concept négligé par le premier film (« Bean », Mel Smith, 1997) où l'urluberlu était envoyé par son employeur de musée aux Etats-Unis. Dans ce deuxième film, l'honneur est sauf, Bean n'employant seulement que les mots "oui", "non", et "gracias" (!) Il faut dire qu'il est propulsé dans une France dont il ne parle pas la langue, et accompagné d'un enfant russe. Les échanges vont donc s'effectuer via des mimiques cartoonesques, ou gags muets à la Buster Keaton.
Ce qui frappe surtout dans ce film, et qui surprendra certainement des fans de la première heure, c'est qu'on rit très peu aux éclats. Mise à part une énorme séquence d'autostop, les aventures de Bean sont surtout attendrissantes et poétiques. Lorsqu'il se trimbale ce gamin, c'est sa fibre paternelle qui s'exprime, celle d'un pote gauche, gaffeur, et lourdingue, mais le coeur sur la main. « Les vacances de Mr. Bean » dévoilent surtout le potentiel émouvant du personnage, sans plus s'attarder sur sa connerie. Reste quand même un détail assez savoureux : le réalisateur Carson Clay (Willem Dafoe) présent à Cannes pour présenter son polar expérimental. Le scénario des « Vacances de Mr. Bean » brosse un portrait très drôle de ces réalisateurs à l'égo sur dimensionné et aux films nombrilistes. Mais pour ma part, le film du personnage de Dafoe n'est pas du tout chiant et possède même un pouvoir d'attraction assez flagrant, avec ces plans soignés au ralenti et cette voix of omniprésente. Des courts extraits dévoilant des partis pris radicaux et qui laissent certains spectateurs sur leur faim, friands d'en voir beaucoup plus.
En clair, un Bean présent sur tous les plans, mais plutôt effacé au profit de l'histoire et de personnages secondaires existant autrement que par rapport à lui. Un seul petit reproche : comme le film ne fonctionne pas uniquement sur les sketches, ceux-ci sont parfois légués au second plan sans que l'histoire ne soit stoppée, et sont parfois plombés par une absence d'inattendu.
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