« Jackass » me faisait rire, « Dirty Sanchez » me faisait vomir. Il y a forcément un juste milieu en télévision dans l'auto-flagellation. Celle où le corps n'est pas mis en danger, mais où la douleur est réelle, néanmoins temporelle. Des douleurs qui ne laissent pas de traces, qui font grincer des dents à les voir, fascinantes devant un tel élan d'auto-destruction, mais qui pourtant font rire. Pas le genre d'humour à la Guantanamo (ou toute autre prison militaire, même officieuse)... ni celui portant à la nomination du Darwin Award, non... celle d'une bande de potaches qui acceptent de se mettre rudement à l'épreuve en pouffant de la douleur subie par son camarade.

Ainsi sur MTV UK (nous regardons la rediff sur MTV2, tous les soirs de semaine, à 0h30), on a droit à ce spectacle insolite d'une bande de potes, joyeux gaillards qui postulent à une drôle d'émission. Ce groupe doit donc investir discrètement un endroit public où l'on est prié de faire silence. Cela peut être une bibliothèque publique ou une église anglicane.

Le but de ce jeu de groupe est de s'infliger des épreuves physiquement intenses sur un temps très court pour toucher des £££, sous la haute bienveillance d'un maître zen japonais aussi réaliste d'un « Gojira » d'Ishirō Honda. Mais dans le silence le plus soutenu.
car, comme le disent les tablettes sacrées à l'entrée du temple :

Le Poing du Zen a été envoyé pour séparer le faible du fort, le blé de la paille, les boulettes de crevettes roses des boulettes de viande de bœuf.

Nos disciples devront faire face à plusieurs épreuves une fois qu'ils auront choisi de suivre la voie. Ils y croiseront probablement la combinaison gonflable explosive, les 30 secondes en lunettes d'oignons, ou le défi des balles de ping-pong avec les boules tirées par des cordes... l'Homme Sage souffrira alors dans le Silence.

Oui, même quand les doigts coupés au papier seront trempés dans le vinaigre et le jus de citron, le sage devra fermer son clapet à ses cris, même s'il est mécaniquement fessé dans la bibliothèque car s'il hurle, il perdra un putain de gros paquet de fric.

C'est donc sous les regards hilares de ses camarades pouffeurs que le malheureux qui tire la boule noire (oui, oui, la même que « Motus » !) devra endurer une tornade de poivre, boire de la bière par le nez ou se faire câliner dans un costume d'orties fraîches...

Visiblement, ça pleure de souffrance, mais ça rigole à l'idée qu'un copain pourrait bien être le suivant à passer une épreuve encore plus dure... car le chemin vers la pépette est semé de grandes douleurs muettes.

C'est con, débile, vulgaire, n'amènera pas l'Humanité vers un état supérieur d'intelligence et de sagesse, mais putain... qu'est-ce que c'est drôle !
Surtout les tronches des personnes qui passent dans la bibliothèque ou les paroissiens venus se recueillir, confrontés à un tel concours de grimaces. Dans un silence assourdissant.