Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 5 Avril 2008.

Après son aventure mouvementée entre l'Antarctique et l'exposition universelle de Bruxelles, le Professeur Philip Mortimer se sent un peu raplapla et est mis en congé maladie par son médecin. Ce dernier conseille à l'inventeur de l'Espadon d'écrire ses mémoires, puisque justement il en parlait depuis des années... Ah ! Ses aventures en Égypte, son enfance dans les Indes,...
Pendant ce temps, se penchant sur les ruines ramenées du grand continent froid (lors de leurs aventures dans « Les sarcophages du Sixième Continent »), l'assistante Nastasia découvre que les roches ramenées de l'Antarctique sont incroyablement travaillées et vieilles, preuve de l'existence d'une civilisation très avancée... dont les motifs ressemblent très fortement à ceux de vestiges retrouvés en Afrique. Le professeur s'y intéresse comme archéologue amateur, pour retrouver une connaissance d'enfance, désormais veuve. Alors que le Captaine Francis Blake travaille sur un projet de sous-marin des glaces, qui aurait pu croire que des vieilles pierres allaient encore entraîner le professeur Mortimer convalescent dans d'autres formidables aventures ?

Sur le nouvel opus de cette suite classicisée, on remarque d'abord le graphisme d'André Juillard, l'auteur des « Sept vies de l'épervier » et du « Cahier bleu » est nettement meilleur que Jacobs quand il vivait effectivement les années 1950s~1960s. Ce qui pose au dessinateur un problème : il dessine trop bien les femmes, à se demander si elles font effectivement partie du même univers que les héros titres. Les positions figées, théâtralesques de stupeur, horreur, complots mezzo-voce et autres combats sont progressivement sorties de « l'opéra de papier »[NB] de Jacobs. Quoiqu'il y a un très joli clin d'œil à la Marque Jaune et c'est pas le seul, il faut ouvrir l'œil...

Car Jacobs n'avait pas l'équivalent de la loi de 1949 en Belgique (relative à “ la protection de l'enfance dans les publications destinées à la jeunesse “. Bernard Joubert en parle mieux que moi), mais n'a jamais réellement mis de femmes en avant. C'était loin d'être aussi castré que les « Tintin », mais la misogynie était visible. Or dans le précédent tome, nous apprenions que Mortimer a connu l'amour dans sa jeunesse, et là, le coquin Philip retrouve une autre petite amie d'adolescence. Oui, il est hétéro.

Ensuite, la disparition des narratifs qui étaient en écho au dessin. Et pour cause : La série « Blake & Mortimer » était prépubliée dans l'hebdomadaire le Journal de Tintin (paraissant le Jeudi). Et il fallait régulièrement résumer les pages de la semaine précédente. Genre : « Quelle est donc cette ombre mystérieuse qui a pénétré par effraction dans le domicile du Capitaine Blake ? Vous le saurez Jeudi prochain ». Oui, parce qu'il fallait aussi résumer pour inviter à acheter la semaine suivante...
Mais Yves Sente n'a pas oublié d'être un bavard. Certaines bulles sont de véritables tartines à textes...


Nota Bene : Pour comprendre ce jeu de mot lamentable, il faut savoir que Edgar Pierre Jacobs (1904-1987) avant d'avoir entamé sa carrière de dessinateur fut baryton à l'opéra de Bruxelles, et donc connaissait bien justement le genre lyrique. « Un opéra de papier » est l'autobiographie du scénariste-dessinateur.

Comment ça, on parle jamais de musique classique dans cette radio de punks ? Bah !