Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 16 Août 2008.

Clark Kent s'est fait une place dans le Daily Planet en quelques mois, la preuve qu'à Metropolis, tout est possible à celui qui en veut. Et Superman a fait sa place dans le cœur de chacun. Mais il en est en proie à quelques doutes : Quelles sont ses limites ? Il a la crainte d'être blessé, mutilé voire tué, car il doit bien exister une faille... Et qu'en deviendrait-il si les superméchants l'apprenaient ?
Des préoccupations qui sont à milles lieues de son travail de reporter. Or voici que son chef l'envoie en reportage d'investigation avec Loïs Lane et Olsen. Car la venue d'un casino à Metropolis n'est pas dans les gouts du rédac'chef du Daily Planet. Le patron playboy Anthony Gallo en fait beaucoup trop, il doit cacher des liens avec la mafia. Quelque part...

Redonnant un lustre digne des grandes cités rétrofuturistes des années 1930s, Tim Sale (dessinateur du très sensuel « Catwoman à Rome », mais aussi des tableaux prémonitoires du personnage d'Isaac Mendez dans la série Heroes) donne des références graphiques évidentes à la série animée des frères Fleischer, mais aussi au Bauhaus, à l'illustration publicitaire des années 1960s.... Son jeu sur les cadrages, les ombrages démontrent une maitrise cinématographique. Si on pourrait ne pas comprendre le traitement trop caricatural des personnages au début, il finit par sembler tout à fait naturel.

L'idée la plus étonnante, c'est ce rocher de kryptonite, personnage à part entière qui a droit à ses propres lignes de dialogue. La manière de souffler à Clark Kent sa véritable origine se montre finalement pas moins illogique, avec une révélation qui brisera le cœur de l'homme d'acier.

Superman est un mythe vivant. Il n'appartient pas à des auteurs mais à son éditeur, un cas fréquent aux USA, mais pratiquement absent en Europe ou au Japon (Spirou reste une exception). Ce qui permet de faire autant de modifications que l'on veut, tant que l'éditeur l'accepte. Et DC n'arrête pas d'enchainer les mini-séries sur les origines de Superman.
Le Surhomme est devenu un personnage malléable comme de la glaise, un golem éditorial. À partir d'un postulat, celui de sa genèse (l'extraterrestre élevé en humain, dont il en devient le superhéros), on peut lui donner milles destins sur ses origines (arriver sur le côté Communiste de la Terre dans « Red Son », ou l'homonyme fictionnel d'un simple citoyen dans « Identité secrète »). Travailler les origines de Superman est devenu un exercice de style, donc il faut arriver à faire apprécier au lecteur ses variations et ses improvisations dans la partition de sa mythologie.
Comme s'il était un morceau de jazz : Ça swingue plus ou moins bien, suivant le talent de ses interprètes scénaristes et dessinateurs (par exemple, la lecture de la partition par Waid et Yu sonnait plat), mais le lecteur saisissant n'importe quel album à son nom ne peut s'empêcher d'en fredonner le thème.

« Kryptonite » est une interprétation qui mise sur les cuivres et le déhanchement des personnages pour amener au climax symphonique. Les breakdowns laissant place aux monologues (solos) de la Pierre Spatiale soulignent ces images chaleureuses.
Comme quoi, fallait oser insérer « Ainsi parlait Zarathoustra » dans le thème de John Williams.