Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 17 Janvier 2009.
La famille des Borgia, c'est celle qui a été amené à être le phare de la civilisation chrétienne, reconnue pour son intelligence, sa vertu et sa foi. Alfonso Borgia, intronisé pape Calixte III appelle son neveu Rodrigo Borgia. et le nomme cardinal. Le cardinal Alfonso se marie et aura quatre enfants. Et malgré cela il deviendra le pape Alexandre VI, chef de l'Église et représentant de Dieu et de Jésus-Christ en ce bas-monde. De ces enfants, une fille qu'il chéri plus que tout, puisqu'il aura des relations incestueuses avec elle, suite à la révélation de leurs sentiments communs lors d'une petite fête menée au Vatican pour célébrer Pâques.
Une partouze, oui.
Le scandale aurait pu en rester là, si le pape n'aimait pas aussi très charnellement son fils César. Ça en fait une chouette famille. Et un cynisme impressionnant de la haute politique, qu'on pourrait parler de machiavélique. À raison puisque justement Nicolas Machiavel traîne dans les couloirs du pouvoir à Rome et prendra César Borgia comme modèle pour son roman « Le Prince ».
Alexandre VI est insatiable sexuellement puisqu'il ira chercher sa nièce Julia pour la sauter et enfonçant les portes du couvent où elle était recluse. Au point où on en est, le Pape n'est pas à un scandale près.
Un pape dépravé, une Italie divisé entre plusieurs royaumes guerroyant et qui malgré tout rayonne dans toute l'Europe de son savoir et de ses Arts. Malgré la puissance politique et supposée divine de son Chef, l'insolente Église doit néanmoins faire face à des révoltes au sein même de ses rangs.
Eh oui, la famille des Borgia, c'est le côté le plus scandaleux de l'Italie de la fin du XVème siècle. Alors qu'un nouveau continent allait être découvert et que la religion chrétienne arrivait enfin à faire refluer l'invasion maure de l'Espagne (pour les Balkans, ce fut plus tardif), on peut pas dire qu'ils ont aidé Rome à briller.
Le jour où le Pape ordonne son fils César Cardinal, la fête tournera en débandade car un invité mourra de la peste, puis un autre. Une fuite éperdue, panique et malgré tout la famille maudite ne vacillera même pas du pouvoir.
Indépendamment des histoires de cul qu'il dessine, Manara est injustement méconnu pour ses œuvres plus “sérieuses” comme la suite « Guiseppe Bergman », « Un été indien » (sur un scénario d'Hugo Pratt) ou « Voyage à Tulum » avec Frederico Fellini. Et la série « Borgia » est justement à la croisée entre les deux. Jodorowsky, que l'on connaît plutôt comme scénariste de fantasy ou de science-fiction (voir réalisateur de cinéma), se donne ici à cœur joie dans cette Italie décadente, mais éternelle pour ses arts, dans une série passionnante et un domaine qu'il adore : les dynasties dépravées.
4 réactions
1 De Thomas - 28/01/2009, 17:28
J'avais des réserves avant de l'avoir lu, mais je dois dire que cet album est très impressionnant, et pas que du point de vue des scènes de cul. Le dessin de Manara est vraiment scotchant, dans son travail sur la matière.
2 De Da Scritch - 28/01/2009, 17:41
Question matières, oui, il aime bien le péché de chair.
3 De da scritch net works - 29/01/2009, 12:59
« Loudun »
Exorcisme et démonologie politique sur fond de guerres de religions. Invocations du démon Hervé Rusig, enluminures profannées par les moines Davide Furno et Paolo Armitano. Dans la bibliothèque Hanté, monastère Soleil. Rappel : pour public...
4 De Da Scritch - 03/02/2009, 09:12
On a interviewé Manara à Angoulême. Diffusion de l'interview bientôt.