Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 10 Mars 2012.
Le Japon est un pays où les religions animistes sont assez présentes à côté du Bouddhisme. Croire aux esprits est une composante importante de leur culture. Et il n'est donc pas rare dans ce pays qui mélange intimement ultra-modernité et traditions ancestrales, de ressentir des esprits le soir dans les rues.
Oui, car si le Japon est un pays ultra-urbanisé, où la population vit en très grande majorité dans des mégapoles extrêmement denses, ces croyances y sont fortes, et leur adaptation à la ville en donne une modernité étonnante.
Néanmoins, dans les histoires courtes de Shizuka Nakano, on est plus dans les petites villes, les villages, voire la montage. Dans la vie quotidienne des gens, des petits événements comme le déménagement dans une maison ancienne, la cuisine de confiserie, voire une simple averse.
Des histoires ordinaires, mais un petit esprit fait qu'elle vont basculer dans le bizarre, l'étrange, l'incongru. Un petit esprit sorti d'un autre âge, de croyances ancestrales, de légendes qu'on raconte aux enfants pour qu'ils ne tardent pas trop sur le chemin de l'école.
Car oui, ces bestioles qui viennent hanter le monde des humains ne sont pas forcément toutes bienveillantes. Certaines sont un peu farceuses, d'autres malicieuses voire carrément hostile.
Le dessin des personnages est simple, esquissé, mais le travail de trames est extraordinaire, et donne une étonnante impression d'aquarelle imprimée. Si les histoires n'ont pas vraiment beaucoup d'action, il y a un certain dynamisme pop dans la mise en scène des mouvements. Et bien sûr, on note de subtiles références aux illustrations des esprits dans les estampes. Graphiquement, c'est beau. Le travail d'adaptation de IMHO est à noter car il fait attention de ne pas laisser d'onomatopées inutiles.
Indirectement, c'est une suite au « Piqueur d'étoiles » de la même dessinatrice, traduit aussi chez IMHO.
Finalement, on se sent incroyablement proche des protagonistes de ces histoires courtes, quand on part en week-end à la campagne, qu'on se plaît à se balader dans une forêt la nuit tombée, ou qu'on écoute les grincements d'une vieille maison.
Le Japon est le pays où les esprits entrent dans notre monde moderne, et ils s'y propagent aussi par les mangas.