Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 31 Mars 2012.
Ce n'est pas la première fois qu'IMHO édite du contenu graphiquement explicite, et réservé à un public adulte. Mais je dois avouer qu'il faut avoir l'estomac bien accroché en lisant cet album. Un tueur en série met en émoi Tōkyō, et la police n'arrive pas arrêter le compte horrible de cadavres coupés en deux.
Des corps méthodiquement découpés et posés dans la rue, chez des gens. Le lecteur apprend vite que le tueur est un garçon de café. Mais ce dernier est dépassé car il a un imitateur.
Nous voici dans une spirale infernale d'horreur, où pourtant les protagonistes prennent le temps de discuter calmement de la manipulation narrative, par exemple des astuces de cadrage dans la bande-dessinée, des films de George Romero et de Darrio Argento.
Complètement dérangeant et mettant mal à l'aise, ce livre joue effectivement de la manipulation narrative tout en bombardant le lecteur de scènes horrifiques, des corps découpés, viscères pendants. Des références plus qu'appuyées aux films de morts-vivants, et posant la question critique sur ce qui fait qu'un film de zombie peut être grotesque ou non.
Le temps d'une rencontre entre Shintarō Kago (qu'on a déjà rencontré avec ses « Carnets de massacre ») et l'auteur de romans policiers absurdes Ryūichi Kasumi et on repart pour trois autres histoires d'horreurs tout aussi déviantes: des corps desséchés, une jouissance par les mollusques, des vers qui grouillent sous la peau. Le dessin impeccable et précis, Shintarō Kago se fait un malin plaisir de nous attirer et révulser en même temps. Jusqu'à ce qu'on se pose l'unique certitude : Ce n'est que des dessins sur du papier. Et ces horreurs dessinées ne sont qu'un exutoire.
En fait, on est face à une expérience situationniste, punk, qui joue sur votre dégoût, comme justement la vague des films d'horreurs initiée dans les années 1970s ou le torture-porn qu'Hollywood nous fourgue.
Donc attention, il faut être bien posé avant de lire ce livre. Prévoyez d'être près d'une cuvette de toilette, et surtout ne prenez pas à la légère le petit macaron -16 posé par l'éditeur Français au dos de la couverture.