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Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 15 Décembre 2012.

Le 30 mars 1904 né Edgar Félix Pierre Jacobs, d'un père autoritaire, agent de la force publique et d'une mère discrète. Il entrera à l'école communale, promis à une glorieuse carrière en tant que comptable. Mais il forcera son destin après avoir assisté à des représentations d'opérettes et vu le film de Murnau, « le Cabinet du Docteur Caligari ».
C'est surtout son ami Jacques Van Melkebeke qui l'encouragera dans cette voie.

D'abord chanteur d'opérette, devenue Baryton à l'Opéra de Lille, il passera à l'illustration pour les enfants. C'est par hasard qu'il se retrouve à faire de la bande-dessinée : en devant prendre la relève sur « Guy L'Éclair » (« Flash Gordon ») au moment où l'occupation Allemande empêche les planches d'arriver des États-Unis.

1942, Jacques Van Melkebeke lui fait rencontrer Hergé, qui lui aussi collabore au supplément jeunesse du journal Le Soir, alors confisqué et géré par les Allemands. Le début d'une étrange amitié avec Hergé, qui cherchait un collaborateur pour les décors et le passage à la couleur. Une collaboration néanmoins étrange, car Hergé se retrouvera plus tard gêné de l'éventuelle concurrence faite à son Tintin par les autres héros du journal.

À la Libération, le coup du sort fait qu'un célèbre résistant, Raymond Leblanc allait sauver la peau de ces dessinateurs qui avaient signé des dessins dans la presse d'occupation. C'est ainsi que démarra le Journal de Tintin. Un journal d'aventures dessinées qu'il fallait remplir de nouveaux héros. Jacobs tente une aventure de science-fiction, basée sur la guerre qui venait tout juste de se terminer. Une science-fiction plus proche que son « Rayon U » qu'il a conçu pendant l'occupation.

Graphiquement, on est pas dans la Ligne Claire ultra précise, ce qui justement donne une réelle vie au dessin. Pour ceux qui ne connaissent pas le destin extraordinaire de ce chanteur devenu fondateur sans le savoir d'un style graphique de BD admiré dans le monde entier, c'est l'occasion de découvrir ses différentes vies. Un destin du XXème siècle de celui qui a intitulé son autobiographie « Un opéra de papier », dont les dernières années sont dépeintes d'une manière assez sombre. À noter qu'un procès avait été intenté à cause de la couverture, qui reprenait trop d'éléments graphiques de la série « Blake Et Mortimer ». Des prises de becs ridicules pour un très bon travail retraçant la vie de cet auteur.