Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 16 Février 2013.
Les combats de très grands robots humanoïdes pilotés par des hommes est l'un des thèmes des plus éculés dans l'industrie du manga. Popularisé en France par « Goldorak », on en a connu seulement une infime frange. Et les sagas « Gundam » et « Macross » en sont à plus de 30 ans d'existence.
Il a fallut « Neon Genesis Evangelion » et les films « Patlabor » pour amener un esprit totalement neuf. Enfin l'engin ne primait plus. On découvrait des palettes de sentiments, des raisons peu claires et finalement, les gros engins de combats en devenaient quasi superflus. Ils n'étaient plus indispensables à l'action et le centre de celle-ci était soit une vraie enquête de police, soit une réflexion philosophique.
Oui, je sais ça surprend.
Tsutomu Nihei nous avait sidéré avec son dantesque univers « Blame ! ». Quand nous l'avions rencontré lors de son passage à Angoulême, nous avions appris avec surprise qu'il avait été architecte. D'où son talent à nous rendre claustrophobe, même dans d'immenses espaces intérieurs. Son univers noir, déviant, mutant et en même temps rigide eu droit à la visite officielle de Wolverine dans un « Snikt ! » d'anthologie.
Voici que dans sa nouvelle série, il décide de faire dans le gros robot de l'espace.
D'entrée nous voici en pleine action, Nagate combat dans son engin d'immenses aliens, appelés les Gaunas. Sauf qu'il s'agit d'un combat dans un simulateur. Nagate vit seul, désespérément seul depuis le décès de son grand-père il y a 17 ans. Il vit dans les combles d'une gigantesque structure industrielle avec le cadavre de celui qui l'a élevé. Il n'a plus rien à manger et décide d'aller là où son papy lui a interdit d'aller. Son premier contact avec d'autres humains, il le fera dans une usine de conditionnement de riz qu'il allait piller.
Il découvre donc enfin les siens. L'autorité, les femmes, mais surtout qu'il mange beaucoup plus que les autres. Et pour cause : les humains assimilent désormais par photosynthèse. Et son inculture est doublée d'une exclusion car son corps n'est pas comme les autres.
Le lecteur va donc découvrir avec lui l'immense vaisseau-monde qu'est Sidonia. Construit suite à la destruction de la Terre par un de ces terribles Gaunas il y a un millénaire.
Nagate va quand même être intégré à l'équipe des pilotes de sentinelles. Et va par hasard être face à un Gaunas. Et il va découvrir que les années passées en simulateur lui seront… pas vraiment utiles.
Ici, on est incroyablement surpris par la sérénité d'une partie des lieux qu'il illustre. Encore une fois, il fait muter l'Humanité, mais d'une manière beaucoup plus douce. Les mechas semblent à la fois inspirés par « Macross », « Evangelion » et on y retrouve même parfois une touche de Masamune Shirō. Bien évidemment, les aliens gigantesques redeviennent des horreurs bulbeuses. Mais finalement, cette horreur visible n'est pas ce qui inquiète le plus le héros. C'est qu'il semble être le dernier humain “original”, “classique” comme on dit en boisson gazeuse. Face à une espèce descendante qui a acquis des caractéristiques de plantes, qui a réalisé le 3ème Sexe d'indochine. Nagate est en décalage d'une espèce animale condamnée à évoluer, sur une arche qui leur a fait quitter sa Terre d'origine il y a un millénaire.
Point important, le titre n'est pas sensé être une référence à Muse. Mais si peu…
Et pour la peine, pour Thomas qui ne connaissait pas le clip, la version director's cut.