Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 4 Janvier 2014.
Un matin à Washington, un député de la Chambre des Représentants se prépare à la cérémonie d'investiture du nouveau Président. Il y aura une place de choix, mais dans l'immédiat, il reçoit la visite d'une mère et de son enfant. Il raconte à ce dernier que tout ne fut pas si facile le siècle dernier.
Le 20 Janvier 2009 fut une date historique : celle de la prestation de serment de Barack Obama, premier Président de couleur des États-Unis. Si 5 années plus tard, nous en sommes revenu et de son prix Nobel de la Paix, nous devons peut-être mieux comprendre en quoi son élection était très symbolique.
C'est la vie de John Lewis, représentant du 5ème district de l'État de Géorgie, qui permet de mieux s'en rendre compte. Dans cette autobiographie, il nous raconte sa jeunesse, celle de l'époque d'une ségrégation organisée, institutionnalisée, d'un état ouvertement raciste.
Comment la religion l'a influencé, à une époque où les plus belles églises n'acceptaient les noirs que par la porte de service, mais dont les universités religieuses étaient les plus accessibles. Comment les noirs qui étaient installés dans les états égalitaires du Nord faisaient pour aller dans le Sud Profond en voiture, un passage assez édifiant. Et surtout la découverte du mouvement non-violent avec Martin Luther King, dont John Lewis sera un compagnon de route.
C'est le début de manifestations dans l'optique de faire comme Gandhi : refuser toute réaction violente et aimer ceux qui vous agressent. Ce sera une époque d'épisodes mythiques dans la lutte contre le racisme, notamment Montgomery qui refusera de s'asseoir à l'arrière d'un bus, d'étudiants qui occuperont tous les sièges des restaurants refusant de servir les noirs en attendant des commandes. Et surtout les réactions d'une police totalement impuissante face à l'absence de comportement violent ou illégal.
John Lewis raconte l'incompréhension des proches, les craintes aussi pour eux, la peur et les entraînements pour ne pas répondre aux provocations. La haine d'une partie des blancs, mais aussi le soutient de certains d'entre eux. Et aussi des tenants d'une ligne dure, ceux qui feront les rangs des Black Panthers et de Malcolm X plus tard.
L'album est magnifique, touchant, je n'aurais qu'une seule, mais alors une seule réserve : il est co-signé par Andrew Aydin qui est le conseiller en communication de John Lewis, ou spin-doctor en V.O. La lecture doit donc rester critique, car dans l'Ouest aussi se façonnent les légendes dorées.