Nous avions réussi à monter un programme cohérent et pas trop politique. En la faisant à la Médiathèque, je voulais aller vers un public plus néophyte. Pour être honnête, nous (moi et Charlotte Henard qui s'est engagée pour nous accueillir) ne pensions pas avoir plus d'une trentaine de personnes intéressées. Le succès de cette Cryptoparty fut notre plus grande surprise.

Car pratiquement le triple de notre estimation est resté jusqu'au bout. Au bout de 10 minutes, tout le monde avait plié son journal et nous écoutait ; en coulisses, Charlotte me disait « Incroyable… Tu reviens quand tu veux ! ». Des personnes âgées qui avaient des questions très pertinentes, certains qui avaient une réelle expérience de l'informatique, de linux (on respecte quand on voit un retraité lancer des commandes bash), et même générer des clés PGP. Même les plus novices avaient des questions très pertinentes. Et à la louche, lors d'un sondage à main levé, 95% du public a un ordinateur et 80% qualifie son téléphone de smartphone.

Même pas peur

Caricaturés par Nooyox !

Évidemment, nous eûmes les impondérables comme le plan communication tombée à l'eau à cause de l'attentat contre Charlie Hebdo (d'où une couverture média limitée à Canal Sud en plus de nos canaux historiques habituels), comme la non-présence d'outils d'enregistrements et l'effet Bonaldi qui a mis Greg dans l'embarras pendant la démo NFC. Mais nous eûmes aussi de très très belles surprises comme beaucoup de relais via les forums de rencontre comme Fabrice Benault, orateur de très grande qualité pour parler du logiciel libre, qui enchaînait une conférence impromptue après 7 heures de cours.

Bref, une très très belle réussite, qui nous laisse augurer d'en refaire une, peut-être sur une durée plus longue et dans de meilleures conditions.

Photos prises par Mathieu D. (CC-0)

La bonne formule ?

L'organisation tentée chez Epitech Toulouse se montre efficace : des conférences qui ne sont que des introductions à un sujet en 5 minutes, suivi de 15mn de questions/réponses, pour laisser le public guider le sujet. Et ensuite une partie atelier réparti en petites tables de 4/6 personnes.

Photos prises par Charlotte Henard

Il est vrai que mes 20 ans de radio m'aident à avoir de la répartie, comme le support le laisse supposer, à savoir jouer avec mon interlocuteur pour rendre la conversation à la fois drôle et passionnante. Donc n'hésitez pas à mettre de l'humour pour mettre une image : « Passer d'Android à Apple peut être aussi ruineux qu'un divorce ». Faites sourire votre public, vous passerez mieux votre message. Évidemment, un bide peut complètement le discréditer et en faire trop sera catastrophique. Donc gardez à l'esprit que vous faites une chiffrofête et que l'on apprend mieux en s'amusant.

Nous avons réussi à captiver un public non technicien jusqu'au bout, pour ensuite passer à des ateliers dans un restaurant à côté. Au point qu'on était encore une fois bien plus nombreux que prévus.

La recette secrète

Puisqu'on me le demande, voici rapidement les ingrédients :

  • Appliquer les mêmes règles que pour les réunions politiques, sachant que le thème politique peut être désamorcé dans une école ou une bibliothèque, à condition de ne pas faire de prosélytisme. Les lieux les plus ouverts et accessibles sont recommandés. Les bistrots à vins sont une très bonne option.
  • N'hésitez pas à voir plus petit, quitte à déborder : vous serez moins déçus, et en cas de foule, vous aurez plus de poids pour la suivante
  • Demander aux orateurs de faire le plus simple et généraliste possible, quitte à risquer des frustrations. La partie Q/R oriente l'exposé, elle pourrait vous surprendre
  • Relancez toutes les semaines vos orateurs. Obtenez un numéro de téléphone, et n'hésitez pas à leur proposer de l'aide.
  • Pas plus de 5mn par exposé, suivi de 15mn de questions/réponses avec le public
  • Des slides clairs, minimalistes. Idéalement le format pecha-kucha, ou pas plus de 5 lignes de 40 caractères à l'écran. Évitez le Powerpoint Of The Death
  • Gardez l'œil sur le timing, surtout quand le lieu ferme à une heure précise. Je devais impérativement terminer à 19h50
  • Avoir un écran de projection et sonoriser à partir de 50 places. Deux micros HF à main furent idéaux vu la disposition
  • Enregistrez les débats. Là, oui, encore une fois, fail
  • Avoir un petit carnet de direct pour gérer les orateurs,
  • Installer le suivant avant la conclusion avec l'autre, pour réduire les temps morts surtout en changeant le pc à la projection
  • Avoir un responsable de plateau peu aider à gérer le timing, les orateurs et d'éventuels fâcheux. Qu'il aide à répéter les démos techniques et sortir les multiprises et autres raccords VGA/HDMI.
  • Donner un peu d'humour et de références. J'adore ancrer avec la science-fiction
  • Jouer des petites saynètes, des métaphores comme une carte postale pou un e-mail, ou une cérémonie d'échange de clés
  • La grandiloquence de mon costume de scène permet de vous repérer pour vous aborder. N'hésitez pas !
  • Ne pas limiter sa communication avec les médias spécialisés (linuxfr, par exemple). Allez vers les médias grands publics (France Bleu, PQR, gratuits locaux)
  • Pour les orateurs, privilégiez les profils non informaticiens : des écrivains comme Pouhiou, des avocats ou des journalistes ont des mots nettement plus accessibles et montre qu'on peut s'y intéresser sans être dans la profession des ordinateurs. Surtout, panachez, pas deux de la même entreprise !
  • N'oubliez pas de contextualiser votre orateur. Avoir un responsable informatique qui parle de force de mot de passe devient nettement plus intéressant quand on indique qu'il travaille pour des cliniques : les données médicales sont sacrées
  • Et enfin très grand public ne veux pas dire stupide : ceux qui venaient étaient systématiquement des gens qui s'informent, ils veulent en savoir plus sur ce que leur disent les journaux (voire ils écrivent dedans)

Et surtout, n'oubliez pas que l'imprévu fait partie du jeu !

Derniers petits bonus : « Le guide d'autodéfense du numérique » est intéressant, mais beaucoup trop familier, voire limite inconvenant envers les policiers. Ce côté sur-militant n'est pas une très belle image et ferme des portes. J'espère que la prochaine édition y fera attention.
Parmi les questions qui reviennent très souvent, celles sur le piratage bancaire. Les cartes NFC, les moyens de paiement sur internet, les sites de fishing touchent tout le monde.

Oh ! One last thing…

La prochaine cryptoparty aura lieue le Mercredi 11 Février à 19h, en format atelier au bistrot le Zinzolin (26 rue des Couteliers, M° Esquirol, infos critiques). Pensez à préparer vos petits papiers pour signer les clés PGP. Comme l'an dernier, nous boirons un coup à la mémoire du WonderBoy of Internet, Aaron Swartz.