Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui a la chance d'avoir à portée de main le savoir universel du monde entier, même aux heures de fermeture des bibliothèques, sans avoir à passer trois plombes à chercher dans des tiroirs à fiches le numéro de rayonnage où est rangé le Manuel de la zigounette et du pili-pili pour les Nuls™.
La première encyclopédie à vocation scientifique fut écrite par quelques « honnêtes hommes ». Dans le sens du XVIIIème siècle, celui des Lumières, cette qualité désignait des personnes qui cherchaient la connaissance la plus vaste et exhaustive du monde. Donc la première encyclopédie moderne, sous-titrée « Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers par une société de gens de Lettres » fut écrite en une vingtaine d'année sous la direction de Diderot et d'Alembert et paru en 1772. Elle lança un mouvement moderne qui fut imitée au Royaume-Uni par l'« Encyclopædia Britannica » et le « Quid RTL » pour la rue Bayard.
À notre époque moderne, une encyclopédie ne s'écrit plus en réunissant quelques amis de goûts pour prendre un thé, mais en invitant tout le monde à y participer pour vite la faire grandir. Ce qui, reconnaissons-le est moins simple qu'avec une tablée de bridge.
Gardons l'allusion à l'Ancien Régime pour faire la Lumière sur notre siècle :
Imaginez si Denis Diderot devait écrire dans la wikipédia.
D'abord, il commencerait à écrire le texte de sa contribution. Et au moment de mettre en forme, il découvre le langage wiki. Oui, cet infâme langage de mise en forme à base de crochets, accolades et quadruples tildes… Bon, heureusement, depuis deux ans, il y a enfin un éditeur visuel qui permet de se passer d'écrire en wiki, sauf qu'il n'est pas encore déployé partout : encore aujourd'hui, vous le trouverez si vous utilisez l'application Wikipédia pour mobiles ou tablettes.
Ensuite, il y aura quelqu'un qui passera trois minutes après lui en laissant l'énigmatique annotation [ref. nécessaire]
. Ben quoi ? Ce que j'écris comme précision sur la science ne suffit-elle pas ? Ah... il faut donc que je fasse référence à un article publié en dehors de la wikipédia ? Bon ben pas de souci, je vais faire référence à un de mes livres.
Trois minutes après, le même fâcheux censure la modification en mettant pas d'auto-promo vers ses propres articles
.
Vexé comme un pou poudré, Diderot crée un nouveau compte Wikipédia sous le pseudonyme denis1713 et tente d'ajouter une illustration de son meilleur profil, peint par une vague connaissance à qui il a passé commande pour le dépanner. Hélas ! Quelqu'un se rend compte que l'artiste n'est pas encore mort et qu'en plus,
Horreur ! Malheur !
Son auteur est un mauvais coucheur !
Le portrait à son avantage n'est pas libre de droit !
Ni le paysage au fond, privé de liberté de panorama !
L'histoire de ces modifications se perd dans la page discussion où le point godwin fut atteint dès la 230ème réplique en ces termes :
Eh merde, voilà les Grammar Nazi qui débarquent...
Pour des raisons d'efficacité, en 2013, la DRCI (aka les renseignements militaires) a préféré arrêter arbitrairement Rémi Mathis, alors Président de Wikimédia France, et quelques autres administrateurs français afin de censurer corriger des informations secret-défense parues dans la wikipédia. Lequel article tirant ses informations d'un reportage de la chaîne locale Télé Loire 7, ce qui en dit long sur l'influence supposée des télévisions locales et sur la dangerosité du terrorisme indépendantiste auvergnat. Nous jetterons un voile pudique sur cette affaire d'État, car depuis Rémi Mathis est retourné à ses chères estampes, tandis que plus aucun Français n'est désormais administrateur de la wikipédia. Ce n'est plus la fuite des cerveaux, c'est le déclassement des élites par l'intelligence militaire.
Enfant du futur immédiat, il faut se souvenir qu'avant les encyclopédies sur internet, avant même celles sur CD-Rom, nous, les riches nantis CSP+ disposant des moyens nécessaire pour entretenir une bibliothèque emplie d'ouvrages à couverture en cuir pleine peau, consacrions des moyens financiers pour faire trôner dans nos bibliothèques ces temples du savoir, ce compendium de la connaissance nationale, pour ne finalement s'en servir que moins d'une fois par mois. Et surtout le volume XXXIII à la page des pleines planches couleurs anatomiques sur la sexualité humaine. Oui, l'anecdote fait tache, désolé.
Mais pourquoi ladite « Encyclopedae Universalis » a-t-elle disparue ? Est-ce bien à cause de sa dimension papier, une 40aine de volumes qui pèse chacun ses 5 kilos ? Ou ses 3 volumes d'index pour consulter les renvois de page ? Ou son business model avec des commerciaux en porte-à-porte qui vous proposait de l'acheter en 48 mensualités avec les volumes annuels de mise à jour ?
Non, la vraie raison de la disparition des encyclopédies à l'ancienne, c'est que tout un chacun peut consulter gratuitement une encyclopédie moderne et dématérialisée, Hic et nunc, n'importe où, n'importe quand. Qu'elle s'enrichit à tout instant car n'importe qui peut l'annoter et la compléter. Et surtout parce que tout le monde en a la liberté de partager l'information, de la consulter de n'importe où, sans écot à payer, sans dispositif anti-copie, sans publicité et surtout sans parti-pris.
Alors avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à signaler que les retranscriptions écrites sur le site des chroniques de notre programme CPU évitent de lier directement à la wikipédia. Non pas à cause de son supposé manque de rigueur, mais que des sources de références plus spécialisées existent.
Et qu'après tout, mettre un lien soit vers la Conservapedia ou la Désencyclopédie, ben c'est tout aussi marrant à défaut d'être informatif. Deux sites qui parodient ou insultent la wikipédia, mais qui se servent du même moteur d'édition.
Étonnant, non ?