Ceci est une partie du script de la release Ex0081 du programme CPU, Coworking, diffusé le Jeudi 12/4 à 11h. Plus d'infos sur le site de l'émission.
Si vous suivez le programme en podcast, préférez le flux du site de l'émission logo de l'émission CPU

Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui préfères les devoirs à la maison plutôt qu'en salle d'étude surveillée.

Le coworking est tendance si tu as un grand espace très typique que tu n'arrives pas à louer d'un seul tenant. Tu as un entresol avec vue sur la Garonne ? Bim : Tau ! Tu as un local trop grand pour le louer à un cabinet de notaire ? Re-Bim : Etincelle coworking ! Tu as un studio de danse mais aucun coach en fitness pour l'animer ? et Re-re-bim : HarryCow working.
Les espaces de ce genre sont en pleine explosion, à la fois en mètres carrés de prestations et en places occupées.
Est-ce que le travailleur nomade devient une nouvelle sorte de normalité ? Mais alors, comment faisait-on avant ?

Avant le coworking sur Toulouse, il y eu le site devfriendlyplaces.net.
Un site collaboratif créé en 2014 qui recense sur Toulouse les bars et cafés où on est tranquille pour travailler en journée. On y trouve des infos minimalistes mais utiles comme la possibilité d'utiliser le wi-fi du bistrot et surtout si des prises électriques sont librement utilisables par la clientèle. Bon, ce site est à l'usage restreint des développeurs : si tu veux ajouter un lieu, il faut savoir faire un pull-request.
(et git dans les dents pour les moldus !)

Oui, l'initiative devfriendlyplaces fut créée bien avant que Starbucks s'installe à Toulouse y'a 2 ans. Et il est toujours possible de collaborer à ce site, qui d'ailleurs a été étendu à d'autres villes.

Mais… avant le travailleur en informatique ? Eh bien il y a… l'atelier de dessinateurs.

Enfant du Futur Immédiat, il faut que je te confesse qu'entre autres crimes contre l'Humanité, j'ai été sur cette même radio chroniqueur en bande-dessinées. Et de par mes relations, j'ai pu pénétrer l'antre de plusieurs dessinateurs. (enfin, ceux qui ont bien voulu car j'ai pas trop massacré en 5 minutes leur travail d'une année).
Et si certains bossaient dans une rédaction, ce qui était déjà extrêmement rare à la fin du siècle dernier, d'autres travaillaient chez eux, et enfin une troisième catégorie, de plus en plus importante, se réunissait pour louer un local et travailler ensemble. Oui, on reste dans la définition de cotravail aussi dit instinct grégaire confraternel.
Néanmoins, à la différence de nos modernes espaces de coworking, les dessinateurs ne s'installaient pas au jour le jour, mais en général au moins un trimestre.
Sauf si y'en a un qui tapait dans la réserve de papier Grand Raisin 200 g/m², car là, les plumeux se volaient dans les plumes à grand coup de noms d'oiseaux.

Alors puisqu'ils s'ils ne partageaient pas leurs fournitures, j'ai demandé aux dessinateurs pourquoi ils se mettaient en atelier. Sur les réponses que j'ai eu, certaines ne sont pas si éloignées de nos préoccupations actuelles :

  • Pour s'obliger à différencier ce qui est pro et perso ;
  • Pour faire une coupure réelle entre le travail et la maison ;
  • Pour sortir ;
  • Pour voir des gens ;
  • Pour bosser parce que les autres aussi bossent ;
  • Pour partager son carnet d'adresse et parfois les bons plans ;
  • Parce que c'est mieux rangé que mon 2 pièces cuisine pour recevoir M. De Mesmaeker.

Revenons à nos laptops pour découvrir quand le concept de coworking est entré dans les mœurs du numérique.

Selon le site spécialisé Deskmag, tout a commencé dans les premiers hackerspaces avec l'arrivée du wi-fi. Très vite, certains bars proposaient l'accès à leur wi-fi contre des consommations. On n'avait plus à louer un PC dans un café internet, on arrivait avec sa bécane, ses outils, son IDE et sa recherche obsessionnelle d'une prise électrique.
Le terme coworking lui-même est forgé en 1999 par Bernard DeKoven, designer de jeux vidéos et théoricien du fun (hélas décédé le mois dernier) ; mais le sens originel était très différent : working together as equals (travailler ensemble sur un pied d'égalité).
En 2002 à Vienne, s'ouvre la Schraubenfabrik qui est un espace communautaire pour entrepreneurs.
Mais c'est en 2005 que le terme coworking est pour la première fois associé à un type de lieu. À San Francisco, comme de par hasard…
[NOTE : Durant l'émission, Chris O'Brien précise qui est le créateur du lieu, et d'autres contributions qu'il a fait]

Ce même début de millénaire, nous étions arrivés au bout de la notion d'open-space, au point que des entreprises sont parties dans le concept de flex-office : l’absence d’attribution d’un poste de travail précis à un salarié, la disparition du bureau dédié, ou le passage du salarié à la précarité de position, vers le sans bureau fixe.

« En disant ça, Bertier… vous n'êtes pas très positive attitude ! Je booke un espace de réunion pour tirer au clair votre avenir dans nos casiers. »

Oui, malheureusement, le flex-office ne t'évite pas ton N+2 archi-susceptible à la machine à café.

Si ce concept est effrayant, et probablement à juste titre, alors autant le renverser à notre avantage avec le coworking.

Personnellement, si je connaissais déjà le concept d'atelier collectif d'artistes, quand je suis devenu travailleur indépendant, j'ai découvert qu'aller travailler de temps à autre dans un open-space au lieu d'être 100 % chez moi, me faisait changer de mentalité : j'étais plus concentré car je n'étais plus en train de repasser mes slips tout en chiffrant mes devis. Et un point important, j'y nouais de nouvelles relations, des fois par le pur hasard.

Enfant du Futur Immédiat, heureusement que de plus en plus d'entreprises comprennent que nous sommes sur internet, qu'importe où on a posé notre laptop. Reste à convaincre les autres entreprises que le coworking ne présente pas de risques pour leurs secrets industriels.