À Toulouse, après la très longue attente du site web “communautaire” de la Mairie de Toulouse (et vraiment trop web 2.0), on a vu apparaitre un peu partout des autocollants avec un “Mobulle™”.

C'est du mobile tagging par un code barre 2D, mais dans un format propriétaire appelé “Flashcode™”.

Cela faisait très longtemps que j'avais envie d'écrire sur cette idée incongrue d'entrer une URL (pardon, il faut désormais parler d'IRI) sur un téléphone par son appareil photo. En partant de l'expérience acquise via le Japon, j'en profite pour vous éclairer sur les spécificités purement Françaises.

Oué, ok... d'abord, code barre 2D, kesako ?

C'est un code-barre en deux dimensions.

Le code-barre que vous voyez sur les étiquettes dans les magasins est sur une dimension, toute l'information tient en une seule ligne. il est prévu pour n'avoir à coder qu'un nombre restreints de chiffres, qui font référence à une entrée dans une base de données réduite, celle du magasin ou du groupe d'hypermarchés. Mais pour encoder une adresse complète (cas de certains livreurs de colis), faire un suivi exact d'un produit (fabrication on-demand), il fallait pouvoir y mettre plus d'information surtout sans être obligé à avoir un accès à la base de donnée qui a créé ce code.

L'astuce non conne pour élever au carré le nombre d'informations a été de la coder non plus sur une ligne, mais dans une grille. On gardait toujours la robustesse de lisibilité du code-barre, tant qu'on reste dans un contraste raisonnable et une impression suffisamment propre. La preuve, j'ai relu les trois “Flashcode™” en rephotographiant la photo du dessus, l'originale était prise de biais avec un reflet. Robuste.


Pour votre info, sur ce boitier de cachets d'aspirine UPSA, on note un Data matrix sur tout le tour. Celui-ci encode « 1222518 », un numéro d'index qui ne correspond à rien si on ne sait pas à quelle base il se rapporte.

OK, compris... et le Mobile tagging ?

Après avoir codé un lecteur de code-barre 2D pour son photophone tout neuf, un petit malin s'est un jour dit qu'on pouvait y coller une URL IRI parce qu'écrire sans fautes une adresse web avec plein de caractères bizarroïdes sur 12 touches, ça tient un peu du défi olympique :

Ici est inclu une vidéo promo de l'émission « Championnat de France de sms » diffusée par W9 samedi dernier.

Prenons l'URL IRI de cet article. Si je devais le taper sur mon (ancien) téléphone portable, ça donnerait ça :

(Reconstitution)

http:// 3 2 7777 222 777 444 8 222 44 1 666 33 8 *********** 22 5555 666 4 1 7 44 7 *********** 7 666 7777 8 *********** 2222 00 1111111 00 *********** 00 2222 *********** 1111111 5555 *********** MenuOK 888 #### 2 7777 *********** 999 *********** 7777 44 666 (pause de deux secondes) 666 8 33 *********** 6 (on remarque une pause) 666 (encore une pause) 66 *********** # 88 777 555 OK

Croyez-moi que ça, je l'ai fait industriellement pendant 7 ans avec des URL IRI nettement plus pénibles... La contrainte d'écrire sur un téléphone portable (ou tout autre gizmo miniature), c'est justement l'objet d'un chapitre à publier de ma Psychanalyse du Clavier...
Leçon n°1 : Si j'avais qu'un coup d'appareil photo à faire, ça serait nettement plus rapide et sans erreurs...

QR code ou Data matrix ?

Les deux sont des standards : ils sont documentés (c'est à dire que n'importe qui peut connaître comment on encode dans un de ces format, et en créer) et en plus ils sont robustes. Le QR code (QR pour « quick response ») est néanmoins une marque déposée avec des brevets dessus, que l'entreprise détentrice a promis de ne jamais exercer. C'est tout le problème des brevets logiciels et bien des normes sont bloqués par des brevets. En général, le format ouvert a l'avantage de l'évolution et de la gratuité mais cela ne garanti pas sa popularité : Ogg vs les MPEG, le format Open Office vs (Microsoft) Office XML, PNG vs GIF,... Mais ceci est un autre débat...
Les deux formats sont unanimement reconnus comme étant libres car ils ne demandent pas de royalties (ils sont du domaine public), et n'importe qui peut en générer un sans avoir à payer une quelconque taxe ou être 100% dépendant d'un fournisseur. On va voir plus bas que c'est très important.

Ces deux formats possèdent une possibilité d'extension, l'image générée peut s'agrandir en fonction du nombre d'octets à encoder jusqu'à environ 2Ko brutes. Dans les faits, il est recommandé pour les portables de rester dans des images ayant le moins d'informations possible : moins il y a de “carrés”, mieux c'est. Utiliser un racourcisseur d'URL IRI sur votre propre serveur peut être judicieux, surtout couplé à votre log trafic (côté serveur évidemment, les solutions genre Xiti ou Google Analytics sur un HTTP redirect, hein... humour).

Pour vous lancer rapidement, voici deux exemples d'encodeurs en ligne fournis par Kaywa pour le QR code et Nokia pour le Data matrix. Il existe aussi un plugin à Firefox.

Voici l'URL IRI de ce billet, encodée dans ces deux standards :

QR codeData matrix
« http://dascritch.net/blog.php/post/2010/02/15/Vas-y-shoote-mon-URL » « http://dascritch.net/blog.php/post/2010/02/15/Vas-y-shoote-mon-URL »

Bon, vu que la taille est trop grosse, on va encoder uniquement l'adresse de mon blog :

QR codeData matrix
« http://dascritch.net/ » « http://dascritch.net/ »

Maintenant, prenons du recul, enlevons nos lunettes, et re-regardons :

QR codeData matrix
Oui, je suis myope, merci de me le rappeler Oui, je suis myope, merci de me le rappeler

Les repères du QR code, sa marque reconnaissable Eh oui, le QR code tape nettement plus dans l'œil ! Les “yeux” servant de repères sont nettement plus compréhensibles visuellement que le Data matrix, lequel pourrait être confondu avec n'importe quel code barre 2D industriel.

Et ça, c'est extrêmement évident pour tout très bon webdesigner qui sait ce que c'est que travailler sur le branding mais surtout dans l'accessibilité. Or plus un élément est accessible, plus vite il est adopté.

Ça c'est la première étape

Une fois lue, il faut lire

Une fois l'adresse “flashée” et reconnue, il faut encore que le site soit visible pour les téléphones portables. Et là, cela demande une sacrée expertise. Et aussi un effort lourd et continu pour ré-adapter continuellement son site web en fonction des téléphones portables (contraintes d'affichages, résolution, support de nouvelles règles CSS, limitations d'opérateurs,...).

J'ai conçu mon premier site pour téléphone mobile (i-Mode à l'époque) en 1999. Mon site personnel ne possède plus de version mobile depuis un an car tout simplement ça demande trop de moyens, trop de temps, trop de patience. Je n'ai plus les moyens de payer 6 abonnements wap et 2 téléphones par mois.

Bref, installer une ...IRI en code barre 2D, soit vous y allez à fond et vous travaillez une version de votre site pour mobile à côté de la version web normale, soit vous vous contentez d'une version web normale (parce qu'après tout, les téléphones portables un tantinet modernes lisent de mieux en mieux le web standard).

Dans le prochain épisode

Une fois de plus, je me suis emporté... À la suggestion de certains, j'ai donc coupé le dossier en deux. La suite et fin de cet article sera publié demain.

Essayez de bien renseigner vos URL IRI persos dans les commentaires, je vais systématiquement y ajouter les QR code correspondants. Ça sert à rien mais c'est pour le fun !

Au cours de mes recherches pour ce billet, je suis tombé sur l'excellent blog « Reconnaissance optique via smartphone », qui a l'immense avantage pour la plupart d'en vous d'être écrit en très bon Français. On en reparle demain.