Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 6 Novembre 2010.
Émilie Guillon, c'est justement la personne dont il est question dans cette histoire : une adolescente sans trop de problème, jusqu'à l'apparition des premiers symptômes de sa maladie, de son handicap. Un handicap qui n'est pas visible, qui n'est que psychologique, et qui est encore plus dur à porter.
Pour une raison inconnue, elle s'est mise à avoir des palpitations, puis elle a eu moins envie d'aller en cours, et tout d'un coup, elle a eu envie de se suicider. Sauvée in-extremis, elle retentera plusieurs fois de se supprimer... Ça sera son premier séjour aux urgences psychiatriques, et la visite de nombreux médecins...
Mais tant que sa maladie n'est pas identifiée, elle n'est pas correctement soignée. Les médicaments l'abrutissent, les établissements spécialisés sont soient trop laxistes pour elle, soient des prisons sordides.
Et quand elle va mieux, elle va beaucoup mieux. Trop mieux même, puisqu'elle dépense une fortune en shopping.
C'est la vie très difficile des maniaco-dépressifs, et le difficile calvaire de son entourage.
L'un des problèmes des handicapés non physiques, c'est qu'en général, ils refusent de prendre leurs médicaments. La raison est simple : leur handicap ne se voit pas, dont leur prescription est justement la preuve quotidienne de leur maladie. Et ils sont donc d'autant plus tentés de ne pas prendre leur médicament, ce qui peut justement faire ré-apparaître leurs troubles.
C'est ce que va faire et qui va arriver plus d'une fois à Émilie. Des rechutes, car il est d'autant plus difficile pour elle d'accepter son état. Et c'est là où justement l'entourage est d'autant plus important.
Quand on la voit sombrer dans la facilité de l'alcool, de la beuh, voir avoir des comportements de “fille facile”, on a envie de la secouer, de de.... y'en a une qui m'a dit « de lui donner des baffes ». Sa guérison n'est jamais définitive, mais passe à la fois par un médecin qui saura traiter sa bipolarité, une prise régulière des médicaments, le suivi de son entourage et une re-sociabilisation... Être des adultes tout à fait valides physiquement mais aussi psychologiquement.
Le thème avait déjà été traité par Davy Mourier dans son « Tryptique bipolaire », qu'il a fait seul. Le « Journal d'une bipolaire » est écrit par la personne qui a vécu ses problèmes, aidée par son père scénariste qui l'aide dans le travail auto-critique et dessiné par un tiers. Cela donne aussi le point de vue des proches, qui se trouve être tout aussi important. Autre point de comparaison intéressant : les deux auteurs ont vécu une rupture qui a révélé leurs troubles.
Je ne saurais trop vous recommander aussi la lecture de la postface du Docteur Christian Gay, qui est justement l'un des spécialistes nationaux de la bipolarité et qui a soigné Émilie.
Pour infos, Patrice Guillon avait déjà abordé le problème des personnes en état de faiblesse psychologique, puisqu'il avait parlé de l'emprise exercée par l'Église de la Scientologie sur ses “fidèles” dans l'album « Dans la Secte ».