Faut dire qu'hier, en voyant le sceau de l'infamie sur l'album tant convoité, j'ai carrément jeté le faux CD plutôt que le remettre civilement dans le bac. Que Chemical Brothers dont j'ai acheté tous les albums et une bonne partie des singles m'insulte d'une manière aussi barbare, ça me l'a mis mal. Surtout quand le vendeur m'a dit que j'avais qu'à avoir un vrai lecteur CD. Mais j'en ai 4, banane ! une console de jeu, un pc avec Linux, un Mac système classique, et un vieux lecteur de salon. Et mes CD, je les rippe pour les écouter dans mon baladeur, dans un format dont je suis absolument sûr de la qualité de restitution. Le dernier CD "protégé" que j'ai acheté est collé sur ma table basse et sert de sous-bock. Ça doit fait mal aux copains qui ont enregistré la musique qu'il y a dessus chaque fois qu'ils viennent chez moi, mais je pense qu'ils comprennent parfaitement la démarche. Surtout que l'album en question reçu à la radio n'était pas protégé, parce que cette limitation bloquait nos appareils !

Laissons-là ma petite haine pour l'hiver et revenons à Kool Shen.

D'abord le son qui est plus que correct, les textes qui sont sans haine inutile et écrits en bon Français. C'est idiot, mais ça change énormément, et du coup, je suis obligé de soigner à fond mes textes. L'écriture est belle, les samples et la musicalité des titres changent des titres pouêt pouêt midi que j'entends actuellement dans ce genre. Ça me rappelle quand on regardait nuitamment « Rap Line » sur une sixième chaîne qui était encore musicale. Un programme de découverte où NTM, I AM, MC Solaar firent leur première apparition TV (« drug of a nation... », comme disent les Disposable Heroes Of Hiphoprisy) . Évidemment, Kool Shen a gardé l'image plus que sulfureuse de NTM, mais son album solo montre qu'il a mûrit. Agréable surprise pour un album que je n'aurais spontanément pas acheté, que j'écoute en feuilletant la très épaisse revue de presse. Alors pourquoi cette chronique ?

L'acheteur n'est plus vu comme un maffieux en puissance que l'on doit à tout prix cadenasser et frustrer. L'objet combat le piratage par le plus produit, justifiant son achat : une galette cd audio d'un côté, dvd vidéo de l'autre, avec une sérigraphie qui joue sur le double usage. Et voici ce qu'on peut lire dans le livret (l'emphase est la leur) :

Le DVD(Plus) est lisible sur tous les lecteurs CD (pour la face CD) et DVD (pour la face DVD), répondant aux normes standards internationales définies par PHILIPS, inventeur du Compact Disc. En cas de problème de lecture [...] il vous sera adressé, dans les meilleurs délais, un exemplaire de remplacement en double rondelle (CD & DVD).

Et pan dans la sale tronche des “protections” ! L'acheteur n'est plus un malfrat en puissance, mais un consommateur qui a le droit à la copie privée des titres, sans avoir à passer par des systèmes extrêmement limitant et/ou des procédés particulièrement douteux. Messieurs les producteurs de phonogrammes, vous aviez choisi la mauvaise défense, celle d'aboyer comme un chien enragé, les crocs noyés de bave. Vos propres artistes vont vous montrer comment faire votre business.

La prochaine tendance chez les producteurs sera de mettre des protections anti-duplication sur les DVD vidéos. Crétins. J'ai souffert pas mal sur les VHS avec l'immonde procédé Macrovision, que mon magnétoscope était incapable de lire sans que ça saute de partout. Vous croyez que ça donne envie d'acheter vos produits de savoir qu'ils auront une protection stupide qui n'est pas prévue par la norme DVD ? C'est avec vos dents très longues que vous creusez votre propre tombe.