Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 8 Juillet 2006.
Résumé des épisodes précédents : La Terre a été détruite. Le berceau de l'Humanité fut incinéré tout comme vingt milliards d'âmes par un trou noir apprivoisé, dans un chantage financier de multinationales... pardon multiplanétaires. Et donc l'ensemble de la race humaine a été mise en esclavage par ses propres pairs, devenus maîtres d'un conglomérat d'entreprises, concessionnaires exclusifs de la conquête spatiale. Privée de ses origines, celle-ci ne peut que se soumettre. Oui mais le reste de l'escadrille Purgatory a peut-être une chance de remettre les choses en ordre, ayant fortuitement découvert le voyage instantané dans l'Espace... et peut-être le Temps.
Après avoir détruit la base du trou noir, d'où les Compagnies Industrielles de Colonisation ont explosé la Terre, l'escadrille Purgatory s'est enfuie vers Mars... pardon, “Terre III” me dit la régie et la police politique. Kalish a fait une tentative de suicide, reste à le sauver. Mais comment trouver un médecin qui acceptera de soigner un fugitif dans un univers où tout est tracé, DRM-isé, où tout le monde est fliqué et aucune contestation possible ?
Y mêlant hard-science et politique fiction pour les thèmes, graphismes ultra-réalistes et dessins satiriques, l'album est à lecture multiple. Et sa conclusion donne une irrésistible envie au lecteur de se refaire à la loupe l'ensemble des six tomes de cette histoire complète. Car les détails comptent énormément.
Bajram termine ici son chef d'œuvre. Et c'est au dernier tome qu'on mesure l'incroyable travail de préparation qu'il a mené dans son scénario pour que tout se tienne de bout en bout. 8 années d'un travail titanesque pour une bande-dessinée appelée à devenir un classique du genre. Car mener une histoire de science-fiction en longueur quand le voyage dans le temps en est un élément important, est très très loin d'être évident. Pour ceux qui ont lu « La guerre éternelle », « Le voyage dans le temps », ou vu par exemple « Les Maîtres du Temps » ou la trilogie « Retour vers le futur », ils sauront que la cohésion des évènements et de leurs conséquences en rendent l'écriture extrêmement périlleuse. Denis Bajram a tenté d'en faire une production millimétrée, une mécanique infernale où le lecteur n'aura aucune chance d'y trouver une faille. C'est réussi. Et ça en est glaçant. Merde... Moi qui croyait avoir foi en l'Humanité... Quel con !
Réussite critique et commerciale pour cette série, dès le premier tome, un fan a repris le début pour en faire une animation en flash. Un signe du succès, et qui sait, peut être d'une adaptation. L'auteur de la série joue aussi le jeu en accueillant un site non officiel sur sa propre série.
Ce dernier tome est le premier à être publié dans la structure éditoriale qu'a créé Bajram avec les éditions Soleil, “Quadrant solaire”, et dont sa compagne scénariste, Valérie Mangin, est directrice de collection. Consécration pour lui qui n'avait pas caché son désir de tutoyer les étoiles depuis qu'il était allé à Kourou ; je félicite Bajram que j'avais interviewé pour « Cryozone » et le deuxième tome de la série.