Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 13 Octobre 2007.

Nävis, la seule humaine rescapée d'un crash sur une planète jungle, se retrouve embarquée dans Sillage, une immense caravane hétéroclite de milliers de races extra-terrestres qui recherchent chacune leur prochaine Planète Promise. Mais Nävis est la seule humaine connue et a un don unique : celle d'être imperméable aux pouvoirs psys. Son originalité va la conduire à une profession un peu dangereuse : Agent spécial de la Constituante. Entre diplomatie et affaires louches, cette fille très impulsive se retrouve chargée de missions très sensibles, mais son caractère assez indépendant la mettra plusieurs fois dans des situations conflictuelles.

À la fin du neuvième tome « Infiltrations », Nävis découvre que la centrale énergétique qui fait tourner sa petite planète privée est en fait mue par l'esprit incarcéré de Heiliig, le Hottard qui avait manqué de tuer la petite Nävis dans « À feu et à cendres » l'opus originel de cette longue série. Ce qui amène à une relecture critique de ce dernier. L'idée est assez rare et très osée pour être soulignée.
C'est aussi dans les premières planches qu'on trouve un lien essentiel entre la série dérivée « Nävis » et la série principale « Sillage ».

En voici du chemin. Dix années d'un succès qui ne s'est jamais démenti, chez un éditeur qui à l'époque ne voulait pas de série de plus de six albums... Dix pour « Sillage », 4 pour « les Chroniques de Sillage », 3 pour « Nävis »... sans compter tous les hors-séries.
Il y a l'univers graphique de Philippe Buchet, très riche, très inventif. Chaque album a un univers différent, donc sa flore, sa faune, sa mécanique, ses uniformes, ses vaisseaux, ses combinaisons spatiales, ses armes... Pratiquement tout le background change à chaque opus, ce qui donne une profondeur à l'univers de « Sillage » assez incroyable. Il y a aussi les scénarii de Jean-David Morvan. Bien construits, les personnages ont chacun leur motivation, leur passé, leur dessein. Et en liant le tout délicatement, l'histoire joue avec l'intelligence du lecteur. J'en ai déjà parlé en chroniquant « Reality Show » ou « Al'Togo »...
Au sein de l'atelier 510TTC, les deux auteurs avaient déjà produit « Nomad » chez Glénat, le pari fou d'une bd de science-fiction produite avec la cadence d'un mangaka. Pari avorté, mais le plaisir de créer des engins de toutes formes dans un univers cyberpunk pour servir une intrigue dense ne pouvait que mieux s'exprimer dans un format 48 pages grand format, mais plus fantastique de la thématique space opera. Une aubaine pour leur imagination plus grande que l'Espace.
D'emblée je vous le dit [à la date de diffusion] : ne cherchez plus l'édition collector pour les dix ans de la saga, elle est définitivement épuisée. Vous y manquerez le carnet de croquis, plein de dessins inédits, mais aussi un DVD réalisé par Laurent Boileau (de France5.fr et collègue d'ActuaBD) où les deux auteurs parlent de chacun de leur album, des personnages principaux, des étapes de la création et de leur installation à Tōkyō...
On y découvre la technique actuelle de Buchet sur la colorisation, plutôt différente de celle des Colors Twins (qui firent les premiers albums), le regard plein de malice du même dessinateur quand il découvre son héroïne sculpté, des dessins hommages par des amis dessinateurs et plein plein plein d'autres choses.
Dommage pour vous, mais je peux seulement vous dire une chose : L'expérience avortée de « Spirou » manga n'a pas atteint le moral de Morvan. loin de là...