Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 17 Mai 2008.
40 ans après l'arrivée dans Pilote, et le même mois que la disparition de Will Elder son inspirateur, c'est un merveilleux hommage que l'ensemble de la profession franç (pardon, Zep est Suisse) francophone sert à son illustre Dieu de l'Absurbe. Marcel Gotlib.
C'est donc en Janvier 1968, après moultes tentatives (notamment le primitif « Gai-Luron » et le pilote « Dingodossiers » produit avec l'humoriste gaulois René Goscinny) que Gotlib révolutionne à lui tout seul l'humour d'illustrés Français en y appliquant absurbe, zapping tv et qualité graphique. Tout commença par l'improbable documentaire animalier du professeur Burp, où le pélican prend méchant pour son grade. Puis il y eu Sir Isaac Newton, la chute des pommes sur les perruques et la théorie de la Gravitation Universelle, un personnage qui deviendra le Grand Totem de la RAB, au point d'illustrer tous les ressorts comiques imaginables de chutes autour d'un choc au crâne. Marcel Gotlib, puisque c'est ainsi qu'il faut appeler Dieu, introduisit ensuite un petit personnage plaisantin qui s'installa dans toutes les RAB, ayant toujours son mot à dire, même totalement hors de propos puisqu'on est dans l'absurbe, la fameuse coccinelle au sens apocryphe. Puis c'est l'arrivée du Commissaire Bougret et de l'inspecteur Charolles avec ses immuables faux coupable et suspect insoupçonnable,...
La RAB est un incroyable fourre-tout, qui use parfois le même gag répétitif (le séminal choc frontal entre Newton et le Fruit), incroyablement créatif et récréatif.
Mais hélas, dès Février 1968, c'est l'arrivée de « Valérian et Laureline » dans Pilote qui va éclipser ce Nouveau Testament. Gotlib s'en fut fonder deux églises en guise de représailles : L'Écho des Savanes qu'il quitta à temps avant de se faire détourner de son destin divin par des pinups à gros lolos, avant d'imposer son Fluide Glacial dans tous les pupitres. Ceux des maîtres car cette revue d'Umour et de Bandessinées manie le zygomatique adulte.
Sans cette Pierre Fondatrice, la BD aurait été que bien peu de choses. Et il fallait, histoire de profiter du filon Mai 1968tardo gaucho-nostalgique, en profiter pour en faire un gros coup commercial. Mais attention, pas n'importe comment : sans la moindre intervention de Gotlib !
La couverture de Zep déjà met dans l'ambiance, le dessin d'Enki Bilal pince-sans-rire m'a fait décrocher la mâchoire. Et on ne compte pas les auteurs prestigieux de l'humour comme ses anciens compères pilotes (Mandryka, Christin, Mézières), l'école Fluidesque (Binet, Gossens, Edika, Ferri, Maëster, CDM, Larcenet...), des concurrents jaloux (Christian Arleston, Ptiluc, Mourier, Zep) des scénaristes à succès du grand écran (Tonino Benacquista, Antoine de Caunes, Edika oups erreur de copiécollé).
Bref, du lourd, de l'épiscopal, du religieux, du divin, du rire !