Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 18 Octobre 2008.

On ne va pas revenir sur l'histoire d'Ernest Thompson Seton, dessinateur naturaliste qui a inspiré les Américains, créé par ses articles le documentaire animalier, et aussi co-inspirateur du mouvement scout. Y'a les précédentes chroniques pour ça (épisodes #1, #2 et #3).
Et il y a une raison pour cela : Dans cette série, c'est un tome entier ou il est complètement en retrait. Même pas spectateur, mais juste auditeur d'une histoire. Une histoire racontée par un témoin de premier main, à la lueur d'un feu de camp, une belle nuit de 1886 dans les contreforts des Rocheuses côté Pacifique.

Le personnage principal, c'est un ourson apprivoisé, Jack, qui deviendra Monarch, un grizzly qui sèmera la terreur dans les montagnes Californiennes. Qui malgré son immense taille, arrive à disparaitre et à échapper à pratiquement tous ceux qui le traquèrent. Grâce à une intelligence animale exceptionnelle qui lui ont permis d'éviter bien des pièges et de narguer des hommes. Comment arrêter une telle force de la nature ?
La panique qu'il a semé chez les éleveurs fut telle qu'il a initié une gigantesque battue menant à l'extinction des grizzlys de Californie, bien souvent massacrés par des cowboys surexcités.

Cette histoire n'est pas uniquement celle du dernier grizzly de Californie. Il y a un oubli où même la traduction Francophone de Kana (qui est pourtant soigneuse dans ses notices dans ce type de livres) a fait une impasse étonnante. L'histoire de Monarch le Grizzly a rencontré la grande Histoire. Pas uniquement quand William Randolph Hearst, le magnat de la presse finance les trappeurs, oui, le même William R. Hearst qui créa le King Feature Syndicate, le premier service de syndication de bande-dessinées pour les quotidiens, mais aussi qui allait financer la guerre contre l'Espagne en 1898 uniquement pour vendre ses journaux.
Monarch rencontra l'Histoire dans la postérité. Car il se trouve que c'est lui qui est représenté dans le drapeau de l'État de Californie. Et la mise en scène de sa reconstitution au Muséum d'Histoire Naturelle du Golden Gate, à San Francisco est dessinée dans la toute dernière case. C'est étonnant que ce détail, qui n'en est pas vraiment un, aie échappé à l'auteur et au traducteur.

Petit regret sur ce quatrième tome, Taniguchi se relâche sur la qualité du détail. On sent dans certaines cases que les planches sont traitées plus vite, plus sommairement que pour le premier tome. Mais on a toujours ce souffle dans cette série, cet appel des grands espaces. Le bouquin est d'une lecture passionnante. Aussi bien pour les détails sur la vie quotidienne des trappeurs que pour les parties romancées de la vie de cet ours gigantesque.