Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 11 Décembre 2010.

Rappelons le contexte (précédentes chroniques) :
Mashiro et Takagi sont deux jeunes lycéens qui ont fait le pari insensé de faire carrière comme mangaka, sans même passer par l'étape du fanzinat ou du blog bd.
À priori, ils ont tout : La patience, le courage, le culot, la connaissance du milieu professionnel, l'appartement-atelier et enfin un talent indéniable.

À chaque fois, on se dit que ça y est, ils sont proche de la publication en épisode, qu'ils vont avoir leurs planches régulièrement publiées dans le Shōnen Jump, la mythique revue des éditions Sueisha. Mais on est dans un manga, publié dans le Shōnen Jump justement, et comme n'importe quel manga publié dans cette vénérable institution, qu'il parle d'arts martiaux (« Naruto »), de sport (« Rookies »), de mécanique (« Gunnm »), de jeux de cartes (« Yu-Gi-Oh »), il y a ce long cycle d'apprentissage par l'échec : Tu y étais presque, mais tu étais insuffisamment préparé, et c'est par ce loupé où ta motivation a été durement mise à l'épreuve que tu dois te relever, en tirer un enseignement pour être plus fort. Après tout, c'est comme ça qu'on apprend à marcher…

Et là, le problème, c'est qu'il y a eu un début de séparation entre Mashiro et Takagi. Ils devaient pour la fin de l'été chacun travailler sur un concept solide, et ils n'y sont pas arrivés. Sauf que c'est leur tuteur chez Sueisha qui découvre que les deux jeunes travaillent chacun de leur côté sur un concept très proche. Et que donc il suffit d'un petit rien à la fois pour les motiver et pour relancer leur amicale et très fructueuse collaboration.

Et ça tombe bien, car se profile le Golden Future Cup, un concours annuel, toujours dans le Shōnen Jump (décidément, il y a beaucoup de concours dans cet hebdomadaire), où vont se décider quelles seront les nouvelles séries entrantes dans le sommaire régulier. Et histoire de voir s'ils sont à niveau, leur éditeur va leur demander de tenir la cadence : Sortir leur participation au concours, puis ensuite créer un chapitre de 19 pages tous les 15 jours, presque comme un pro, pendant les quatre mois avant l'annonce des résultats.

Par là, on aborde à la fois la thématique de l'idée, mais surtout d'un concept de série, s'il ne risque pas de s'épuiser au troisième épisode. Qui plus est, écrire un scénario d'intrigue policière est nettement plus difficile qu'une bête succession de bastons, fussent-ils agrémentés de mythologie Grecque et d'une princesse qui se fait kidnapper à la première saison des soldes venues.
Une année très dense, qui va passer en un seul tome.

Là où ce manga est formidable, c'est qu'il donne un éclairage sans concession sur la rédaction même de la revue phare. On sent à la fois le poids de la hiérarchie et la compétition entre les responsables éditoriaux. Mais aussi les règles stratégiques sur ce genre de concours, et les éventuelles chausses-trappes qui pourrait favoriser un concurrent plutôt qu'un autre. Mais surtout comment sont jugés les projets éditoriaux avant de passer le baptême du feu, c'est à dire la prépublication. Tout un rituel qui malheureusement n'existe pratiquement plus dans la BD franco-belge.

Dans cet univers impitoyaaaaaable, où des lycées doivent aussi tenir leur niveau en classe que se surpasser dans la bd, comment vont-ils tenir face à des concurrents tout aussi qualitatifs ? Et Niizuma, l'insupportable génie qui n'a pas besoin de faire ce concours, comment va-t-il bouleverser la donne ?