Dans l'incompréhension continue qui caractérise les élites politiques Françaises face à Internet, la journée d'hier, Lundi 6 Juin 2011, à très exactement 19h est à marquer d'une pierre blanche.

Deux évènements annoncés depuis 6 mois avaient lieu sur la Côte Ouest des USA :

  • Les conférences de pré-ouverture de l'E3, avec notamment la présentation des nouveaux produits de Microsoft et de Sony
  • La WWDC d'Apple où notamment était présenté un nouveau service d'hébergement de musique

Sans Hadopi, pas de Justin Bieber. Dommage. Pendant ce temps-là, le contribuable Français était heureux d'apprendre que la commission Hadopi avait loué à grand frais l'espace Pierre Cardin, pour y dévoiler son opération de communication estimée à au moins 3 millions d'€.

J'épargnerai de mes moqueries cette campagne institutionnelle qui tente de toucher le “jeune”, a lamentablement ridiculisé son message. Les côtes des commentateurs accusent des secousses aussi fortes que la précédente, c'est dire.

Les témoins sur place notaient que les journalistes étaient plus intéressés par les conférences Américaines (merci Twitter) que celle pour laquelle ils avaient été coûteusement convoqués.

Le matin même, le service d'écoute légale de musique Deezer annonçait une limite à pas plus de 5 heures par semaine par mois (merci Chris) dans son service gratuit, imposée par Universal Music France. En tant que radio, je me demande par quoi NRJ va remplacer les 715 heures restantes…

Hadopi est un danger pour la démocratie

Ce n'est pas moi qui le dit, mais un rapport de l'ONU

Je répète que je suis contre le piratage donc je ne défend pas les contrevenants (envers des lois qui existaient déjà).

Si pour moi cette loi doit être abrogée (comme pour l'ensemble des partis politiques, à l'unique exception de l'actuelle majorité présidentielle), c'est qu'elle est un immense danger : Elle instrumentalise des artistes pour permettre de mettre en place des instruments d'espionnages, de répression aveugle et de censure arbitraire.

Quant à la question effective des droits d'auteurs, elle a été complètement effacée de ces lois, à une seule exception : Les journalistes abandonnent le droit moral sur leurs écrits à leur éditeur. Un superbe progrès…

Un agenda maintes fois cachottier

Rappelons que cette loi tellement voulue par Nicolas Sarkozy qu'elle en est devenue la plus difficilement passée dans toute l'histoire de la Vème République, était le coup d'essai des accords ACTA. Lesquels accords sont toujours officiellement confidentiels, ce qui est un déni de démocratie quand on parle de censurer des médias.

Gros problème : Au moment où Nicolas Sarkozy avait prévu de se féliciter de couper les sauvageons du net, ses confrères du G8 applaudissaient le même genre de racaille qui renversaient par eux-mêmes des dictatures du monde Arabe. C'était le superbe fail d'agenda de Février dernier.

Coûteuse et dangereuse… pour elle-même

Rappelons que les moult promesses de multiples déconnexions de pirates dès septembre 2010 ont été tenues qu'une fois : La société TMG, en charge du flicage sans aucun contrôle, a du fermer ses propres serveurs suite à une négligence de sécurité caractérisée. Ce qui en soit devrait annuler juridiquement toute les ”preuves“ annoncées.

Et devant les multiples preuves de son incompétence, les politiques qui l'ont poussée parlent de « vertus pédagogiques ». Personne n'y croit.

D'autres lois “spécial internet” se montrent tout aussi problématiques. Sans parler de la LOPPSI 2, il faudrait revenir sur ce projet de taxation des publicités et des opérations de vente en ligne. En France, on voit un secteur prometteur, on préfère le tuer plutôt que le soutenir.

Malheureusement, personne à la tête de l'État ne se pose la question de l'avenir économique de notre pays. Supposons qu'en 1910, sur la pression des maréchal-ferrants et des auberges, on aie bridé l'industrie automobile. Est-ce qu'alors Renault, Peugeot seraient devenues des marques au niveau mondial ? Les taxi de la Marne auraient-ils sauvé Paris ?

À force d'avoir mondialisé l'économie, la France n'est plus dans son petit cocon. Or la loi Hadopi est juste un besoin impérieux de sauvegarder une société d'auteur au fonctionnement opaque épinglé par la Cour des Comptes, sous le prétexte (assez risible) d'exception culturelle. Je ne suis pas sûr que la sauvegarde des revenus de David Guetta ou du bénéfice reversé aux actionnaires d'UM vaille la peine de transformer la France en pays ringard.

Le dernier exemple avant ça : Facebook

Le gouvernement Frrrrrrançais avait proposé de supprimer les comptes Facebook des enfants turbulents à l'école. Évidemment, Facebook (qui n'a aucune représentation légale en France) a opposé une fin de non-recevoir : Si un petit pays comme la France s'amuse à lui faire ce genre de demande, qu'en serait-il des opposants des nations autrement plus grandes ?

Et quand le même ministre se plaignait de l'âge minimum de 13 ans, on lui a fort gentiment rappelé que cela est dû à la loi Américaine, laquelle interdit tout fichage de coordonnées d'un enfant de moins de 13 ans.

Moralité du mois

Le Roi Ubu est nu : La France est devenue un nain de l'Internet. Merci les politiques.